Après l’humble confession faite en ces termes : « Moi, indigne pécheur, je me prosterne à vos pieds », le Chevalier supplie avec instance l’Immaculée de prendre possession de lui-même : « Je me prosterne à vos pieds en Vous suppliant avec instance : daignez me prendre tout entier et totalement comme votre bien et votre propriété. » Le Père Kolbe commente :
« Avec ces paroles nous prions, supplions l’Immaculée de bien vouloir nous accueillir, et nous nous offrons à Elle complètement et sous tout rapport comme ses fils, esclaves d’amour, serviteurs, ses instruments, sous chaque aspect, sous chaque dénomination (qui que ce soit) ; en quelque temps que ce soit, pourrait-on formuler. Et tout cela comme chose et propriété, à sa complète disposition, afin qu’Elle se serve de nous et nous exploite jusqu’à notre totale consommation. »
On reconnaît, ici, le disciple du Père de Montfort ayant fait la consécration du saint Esclavage ou Consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, par les mains de Marie. Le Père Kolbe utilise d’ailleurs explicitement le terme « esclaves d’amour ». Il ne veut oublier aucune dénomination, comme l’a fait, bien avant lui, le Père Grignion : nous sommes les enfants, les serviteurs, les esclaves de Marie. Le Père Kolbe, en se proclamant « la chose » de Marie, pensait peut-être pousser plus loin que Montfort, l’expression de la totalité du don. Mais si on veut bien
méditer quelques instants, on comprendra qu’il n’en est rien, car si l’on examine l’analogie de l’esclavage qui sert de point de départ à la comparaison, nous sommes obligés de constater que l’esclave appartient à son maître comme une « chose. »
Autrefois on achetait un esclave, comme aujourd’hui on achète du matériel agricole, c’est-à-dire comme une chose. Esclave égale donc chose. Si Montfort n’a pas parlé d’appartenir à Marie comme « une chose », il faut bien dire que le Père Kolbe ne fait qu’expliciter et approfondir un aspect déjà contenu dans l’analogie de l’esclavage. En effet, l’esclave est la propriété, la chose, la possession de son maître et de sa maîtresse. Montfort et Kolbe se rejoignent donc dans une même spiritualité et dans la même profondeur de vue. L’un éclaire l’autre et tout est dans l’analogie de départ. Il s’agit, pour l’un comme pour l’autre, d’être tout à Marie, et de Lui appartenir sans réserve, totalement et pour toujours, afin qu’Elle nous conduise et nous dirige selon les volontés de son divin Fils, comme des instruments dociles.
Abbé Guy Castelain+