Le texte
Debout au pied de la croix à laquelle son fils était suspendu, la mère des douleurs pleurait.
Son âme, en proie aux gémissements et à la désolation, fut alors transpercée d’un glaive.
Oh qu’elle fût triste et affligée, cette Mère bénie d’un fils unique.
Elle gémissait et soupirait cette tendre Mère, à la vue des angoisses de cet Auguste fils.
Qui pourrait retenir ses larmes en voyant la mère du Christ en proie à cet excès de douleur ?
Qui pourrait contempler son tristesse, cette Mère du Sauveur souffrant avec son fils ?
Elle voyait Jésus tourmenté et flagellé pour les péchés de son peuple.
Elle voyait ce tendre fils mourant et sans consolation, jusqu’au dernier soupir.
O Mère, O fontaine d’amour, faites que je sente votre douleur, que je pleure avec vous.
Faites que mon coeur aime le Christ, mon Dieu, avec ardeur, et ne songe qu’à lui plaire.
Mère sainte, imprimez dans mon coeur les plaies du Crucifié.
Donnez-moi part aux douleurs que votre Fils a daigné endurer pour moi.
Faites que je pleure de pitié avec vous, que je compatisse à votre Crucifié toute ma vie.
Mon désir est de demeurer avec vous près de la croix, et de m’associer à votre deuil.
O Vierge, la plus noble des vierges, ne me soyez pas sévère, laissez-moi pleurer avec vous.
Porter en moi la mort du Christ, partager sa passion et garder le souvenir de ses plaies.
Que ses blessures soient miennes ; que je sois enivré de la croix et du sang de votre Fils.
O Vierge, gardez moi des feux dévorants, défendez-moi vous-même au jour du jugement.
O Christ quand il me faudra sortir de cette vie, accordez-moi, par votre Mère, la palme victorieuse.
Et lorsque mon corps devra subir la mort, accordez à mon âme, la gloire du paradis. Amen.
La composition
Le « Stabat Mater » est un poème latin composé par le Frère Franciscain Jacopone da Todi (1228-1306) au XIIIe siècle. Cette antienne Mariale évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus-Christ.
Le texte en latin
Stabat Mater dolorosa
iuxta Crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.
Cuius animam gementem,
contristatam et dolentem,
pertransivit gladius.
O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
Mater Unigeniti.
Quæ mærebat, et dolebat,
Pia Mater dum videbat
nati pœnas incliti.
Quis est homo, qui non fleret,
Matrem Christi si videret
in tanto supplicio ?
Quis non posset contristari,
Christi (ou Piam) Matrem contemplari
dolentem cum Filio ?
Pro peccatis suæ gentis
vidit Iesum in tormentis
et flagellis subditum.
Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum,
dum emisit spiritum.
Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac, ut tecum lugeam.
Fac, ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum,
ut sibi complaceam.
Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.
Tui nati vulnerati,
tam dignati pro me pati,
pœnas mecum divide.
Fac me tecum pie flere,
Crucifixo condolere,
donec ego vixero.
Iuxta Crucem tecum stare,
et me tibi sociare
in planctu desidero.
Virgo virginum præclara,
mihi iam non sis amara :
fac me tecum plangere.
Fac ut portem Christi mortem,
passionis fac consortem,
et plagas recolere.
Fac me plagis vulnerari,
fac me Cruce inebriari
et cruore Filii.
Flammis ne urar succensus
per te, Virgo, sim defensus
in die iudicii
Christe, cum sit hinc exire,
da per Matrem me venire
ad palmam victoriæ.
Quando corpus morietur,
fac ut animæ donetur
paradisi gloria.