Selon saint Louis-Marie, cette consécration fait de celui qui la réalise un esclave de la Vierge Marie, comme il l’explique dans Le traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, ch. 2, article 3. Or, objectent certains, l’esclavage est contraire au droit naturel. De plus, se consacrer à une créature relève de l’idolâtrie, car seul Dieu est le maître de toutes choses.
Explication théologique
Consacrer une chose, c’est la vouer définitivement au culte. Ainsi, consacrer une personne, c’est vouer sa vie au culte divin : c’est le cas de la consécration religieuse comme de la consécration sacerdotale dans ses divers degrés.
Se consacrer à un saint, c’est donc s’engager à lui rendre un culte. Cela est légitime dans la mesure où le culte des saints est légitime, et facultatif dans la mesure où le culte privé des saints n’est pas imposé par l’Eglise.
La consécration à Notre Dame selon la formule de saint Louis de Montfort consiste dans :
1) Le renouvellement des promesses du baptême « entre les mains de la sainte Vierge ».
* Le baptême, par ses effets surnaturels et son caractère d’acte liturgique, introduit dans un état de vie qui comporte des droits (recevoir les sacrements) et des devoirs (les lois de l’Eglise). Les promesses du baptême assurent que le baptisé connaît ses obligations et a l’intention de les remplir.
* A celui pour qui cet engagement a été souscrit par la voix de ses parrain et marraine, il est bon de le proférer par lui-même, puisqu’il doit l’honorer par lui-même.
* Le fait de le prononcer « entre les mains de la sainte Vierge » signifie deux choses :
+ Reconnaître le rôle spécial de la Mère de Dieu dans le salut de chaque âme en particulier.
+ Se recommander à elle pour l’obtenir. De même que le baptisé se confie à la sollicitude de ses parrain et marraine pour mener la vie chrétienne convenablement, de même il se recommande à la Mère de Dieu.
2) La consécration de sa personne et de ses biens à la sainte Vierge. Cela recouvre deux choses :
* La donation de soi et de ses biens à la sainte Vierge. Quant aux biens spirituels (mérites, intercessions, indulgences, intentions de prière), il s’agit de les confier à sa décision.
* « Une volonté de dépendance filiale mais absolue à la sainte Vierge » : Il ne s’agit pas seulement d’un acte ponctuel, mais il doit en résulter une dévotion à l’égard de la Mère de Dieu, qui fait accomplir toutes les actions de la vie, et user de tous les biens dont on dispose de manière conforme à son intention.
Tout cela rentre, quoique de manière facultative, dans le cadre du culte que l’Eglise encourage à rendre à Dieu.
Réponse aux objections
1. L’esclavage est la condition de celui dont l’activité s’ordonne, non à son bien propre, mais à celui d’un autre. Le fait de se vouer entièrement au culte de la sainte Vierge de manière à n’accomplir que son intention, conduit à vouer sa vie au culte de Dieu sous la protection de Notre Dame, puisque c’est là son intention.
Ainsi, le fidèle qui s’y engage ne porte préjudice, ni à ses devoirs envers Dieu, ni à ses devoirs envers le prochain, dont la Mère de Dieu a connaissance, ni à ses devoirs envers lui-même puisque cette dévotion le conduit à son propre salut. Et pour autant, une telle condition peut se décrire comme un esclavage.
2. La consécration de soi à un saint consiste dans l’engagement à lui rendre un culte. Comme les saints ont droit au culte de dulie, la consécration qui s’y limite ne revient pas à adorer une créature.
Concluons avec le saint : « Je suis tout à vous, et tout ce que j’ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie votre sainte Mère. »