Saint Paul, en exposant le plan de Dieu dans notre rachat, avait expliqué comment la désobéissance du premier Adam nous avait tous perdus, et comment l’obéissance du nouvel Adam nous sauva tous (Ro. 5, 12–21). Mais à côté du premier Adam, il y avait Eve, qui avait été l’instigatrice de la faute de son mari. A côté du nouvel Adam, ne devait-il pas y avoir une nouvelle Eve, jouant un rôle analogue dans notre salut ?
Ce parallèle entre Eve et Marie sera reproduit par les principaux Pères de l’Eglise. « La mort par Eve, la vie par Marie », écrit Saint Jérôme. Saint Augustin explique : « C’est par une femme que le poison a été versé à l’homme ; c’est par une femme que le salut lui est offert ». L’antithèse Eve-Marie devint populaire. Elle se trouve mentionnée dans un jeu de mots d’une prière bien connue qui remonte au moins au IXe siècle, l’Ave maris stella :
Sumens illud AVE
Gabrielis ore,
Funda nos in pace
Mutans EVAe nomen.
Marie change le nom d’Eva en Ave.
Voilà les premiers pas d’une longe épopée théologique, spirituelle et mystique, qui a comme but de mettre en lumière le rôle de Marie dans l’œuvre de notre Rédemption.
Le Pape Pie XII résume ce rôle dans son encyclique Mystici Corporis Christi : « Ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son Fils, le présenta sur le Golgotha au Père éternel, en y joignant l’holocauste de ses droits et de son amour de Mère, comme une nouvelle Eve, pour tous les fils d’Adam qui portent la souillure du péché originel. Ainsi celle, qui, corporellement, était la Mère de notre Chef, devint spirituellement la Mère de tous ses membres… »