Après la lecture de la vie des saints, il nous reste un saint enthousiasme au souvenir de leurs exploits. Hélas, dès que nous nous retrouvons dans notre vie de tous les jours, avec ses occupations et ses devoirs “monotones”, nous avons l’impression d’être passés d’un monde “idéal”, de rêve, au monde banal de la “réalité”.
Ainsi, nous avons été conquis par l’idéal de saint Maximilien : « Notre idéal est de gagner à l’Immaculée et par ses mains le monde entier, les âmes qui sont maintenant et celles qui seront à toute époque, toutes ensemble et chacune en particulier ». Ce bel idéal, qui est le nôtre, serait-il
condamné à rester “à côté” de la réalité ? Au contraire : « II est nécessaire que la M.I. soit “transcendante” plutôt que “générale”, c’est-à-dire qu’elle ne devienne pas tout à fait une organisation aux côtés de beaucoup d’autres, mais plutôt qu’elle pénètre en profondeur toutes les autres organisations ».
Mais comment faire pénétrer cet idéal dans la réalité quotidienne, dans l’instant présent ? C’est ce à quoi répond saint Maximilien dans une méditation en commun, le21 janvier 1939 :
La sanctification se fait dans l’instant présent :
«À quoi ressemble, ou à quoi devrait ressembler notre chevalerie ? Parfois il nous vient à la pensée l’illusion qu’à travers tel ou tel travail, il nous est impossible d’atteindre la perfection, que celle-ci est très éloignée. Et pourtant, la perfection se trouve dans l’instant présent. La perfection, c’est la sanctification de chacun de nous et de chaque âme en particulier. Et la sanctification s’opère, non pas au long des années, mais à chaque instant. L’instant que nous avons devant nous ne reviendra plus. Si nous l’avons bien vécu, il sera vrai pour l’éternité que nous l’aurons bien employé. Il ne sera plus possible d’y rien changer. L’instant présent est entre nos mains (…) »
Comment bien vivre cet instant présent : faire la volonté de l’Immaculée, agir par amour pour Elle.
« Nous tirons bien profit du temps quand nous accomplissons la volonté de Dieu. Et si nous sommes venus au couvent, c’est précisément pour tirer au mieux profit de ces instants, comme l’Immaculée en aurait tiré profit à notre place. Nous nous donnons à Elle, afin que nous tirions profit de ces instants, afin qu’Elle pense et agisse à travers nous.
La valeur de l’instant présent ne dépend pas de ce que nous faisons, mais de la manière dont nous l’accomplissons, c’est-à-dire du fait que nous agissons par amour pour Dieu ou par amour-propre (…) ».
Comment connaître la volonté de l’Immaculée ?
Mieux nous accomplirons notre devoir, mieux nous rendrons gloire à Dieu, et mieux nous répondrons à la volonté de l’Immaculée.
Chacun peut permettre à l’Immaculée de le conduire et ainsi profiter de ces instants le plus fidèlement possible. Quand l’âme commence à s’appliquer à l’instant présent, elle se met à découvrir un monde nouveau, des trésors de pensées et de perfection. Et, ce qui est le plus important, l’âme commence à se purifier, parce qu’elle s’efforce de ne pas quitter la main de l’Immaculée.
Recommandons-nous à l’Immaculée, afin d’être d’excellents chevaliers dans cette conquête de nous-mêmes à l’Immaculée et dans la soumission totale à sa volonté, et afin d’accomplir au mieux nos devoirs envers nous-mêmes et envers les autres. »
Bien chers chevaliers de l’Immaculée, nous pouvons nous appliquer ces conseils de saint Maximilien. Dans les devoirs qui font la trame du “monotone” quotidien, découvrons la volonté de l’Immaculée. Sa présence nous rendra douces ces occupations, et la certitude de procurer par-là de la joie à son Cœur maternel sera notre consolation.
Alors nous accomplirons l’essentiel de notre consécration : nous nous efforcerons de faire en tout sa volonté. Dès lors, c’est l’Immaculée qui « pensera et agira à travers nous ». Nos pauvres mérites sont entre ses mains, et par eux, Elle convertit les pécheurs.
Ainsi se réalisent ces paroles: « L’appartenance à la M.I. permettra à chaque membre de donner à l’apostolat tout ce qu’il a de meilleur en lui-même, et de rejoindre de cette façon la perfection chrétienne dans son propre état, ou dans sa profession» (Lettre, 31 décembre 1935)
Par notre appartenance à la M.I., nous donnons à l’Immaculée ce que nous avons de plus précieux après notre âme: nos mérites; nous les Lui offrons à ses intentions généreuses et apostoliques ; et notre souci d’accomplir en tout la volonté de l’Immaculée à travers nos devoirs nous conduit à la perfection de notre état. C’est ainsi que nous pourrons dire: ” idéal = réalité “; mon idéal de conquête des âmes pénètre dans tous les détails de ma vie, de la réalité quotidienne.
Enfin, par cette sanctification du devoir, nous consolerons le Cœur Immaculé de Marie, et entrerons dans l’esprit de pénitence inculqué par le message de Fatima, selon ce que disait Notre-Seigneur à sœur Lucie, en 1943 : «Le sacrifice qu’exige de chacun l’accomplissement de son propre devoir et l’observance de ma loi, voilà la pénitence que Je demande et que J’exige maintenant ».
Que l’Immaculée nous y aide!