La base de la MI
LA BASE DE LA M.I., c’est l’individu, le chevalier lui-même, qui, personnellement et individuellement, se consacre totalement à l’Immaculée, et conformément à son état, aux circonstances et à ses conditions de vie, utilise tous les moyens légitimes possibles pour obtenir la victoire.
Le saint fondateur laisse à chacun le soin de déterminer individuellement le degré de sa consécration et de son engagement selon son zèle et sa prudence. De cette manière, la M.I. ne connaît pas de limites : chacun peut devenir chevalier de l’Immaculée, il suffit qu’il ait, au minimum, la volonté de se consacrer à la Sainte Vierge, et aussi de travailler au salut des âmes.
On pourrait croire que ce degré de la M.I. est le plus bas, une introduction pour ainsi dire, peu exigeante et à l’idéal limité. Mais il n’en est rien. Même si le Père Maximilien s’adresse à tout chrétien de bonne volonté, et concrètement ne lui demande dans la pratique que le minimum pour être chevalier (à savoir le port de la médaille, et l’invocation jaculatoire de la M.I., et cela pas même sous peine de péché), il exige tout de même que le chevalier, dans sa vie personnelle, développe tous ses talents, qu’il emploie tous les moyens légitimes et possibles, qu’il soit dévoré du « zèle de la maison de Dieu ». On voit là combien est géniale cette idée, que l’apostolat dans la M.I. soit laissé au « zèle et à la prudence » de chacun.
En quoi consiste le vrai zèle ?
Le zèle nous pousse à agir pour notre idéal, non pas d’une façon ordinaire, mais avec énergie, enthousiasme et ardeur. Le zèle est une volonté inflexible qui va droit au but, qui ne se décourage pas devant le premier obstacle, qui ne recule pas devant les sacrifices et les blessures.
En quoi consiste la prudence surnaturelle ?
Elle consiste à faire un choix réaliste et raisonnable des meilleurs moyens pour atteindre le but de la façon la plus sûre, la plus rapide et la meilleure. La prudence exige d’avoir une vision objective de la situation, elle considère la vie concrète de tous les jours, avec toutes ses circonstances, ses événements, ses devoirs, pour ensuite choisir les meilleurs moyens de vivre la consécration totale, et d’amener les autres à l’Immaculée. Celui, donc, qui comprend toute la signification de la M.I. 1, voit en quoi consiste sa mission de combattant isolé, qui tout seul, sans aucune aide humaine, pénètre les rangs de l’ennemi. Il n’est pas seulement entouré d’ennemis, il vit au milieu d’eux, « dans le monde, mais non du monde ».
Même s’il ne fait rien d’extraordinaire, les autres ont vite fait de s’apercevoir qu’il n’est pas comme eux, qu’il n’a pas les mêmes principes, qu’il vit autrement. Cela éveille leur curiosité, et plus d’un est ainsi amené à la foi. D’autres, les plus nombreux peut-être, sont irrités, car cela trouble leur tranquillité d’esprit, qui n’est d’ailleurs qu’apparente. Un tel homme les dérange, car il leur donne mauvaise conscience. C’est pourquoi il est marginalisé, ridiculisé, réduit au silence, ou pire encore. Tout cela, le chevalier le prend sur lui. Et comme il est isolé, il doit, en raison de sa faiblesse, vivre en union particulièrement étroite avec l’Immaculée, s’abreuver plus que le commun des mortels à la source des grâces, et fuir le monde, s’il ne veut pas périr dans le danger. C’est cela justement que lui inspire la prudence surnaturelle.
Des exemples fameux de notre époque montrent ce dont un tel pionnier est capable : notre saint lui-même n’était-il pas d’abord un tel combattant solitaire ? Des figures héroïques telles que saint Louis- Marie Grignion de Montfort, ou plus récemment Edel Quinn, montrent à quel degré d’héroïsme peut parvenir le chevalier de l’Immaculée isolé. Il n’est certainement pas téméraire d’affirmer que le fondateur de la Fraternité Saint Pie X, l’apôtre de Jésus et Marie, Monseigneur Lefebvre, reçut de Marie, à qui il s’était entièrement consacré, la force de résister pratiquement tout seul à l’ensemble des forces modernistes.
En quoi consiste le combat du pionnier de la M.I. 1 ?
Outre les moyens généraux cités ci-dessus, son apostolat le plus important est celui du bon exemple. Tout chevalier de l’Immaculée doit considérer comme terrain de mission ceux qui l’entourent, sa parenté, ses connaissances, ses collègues de travail, pour les gagner tous à l’Immaculée.
“Ne te laisse pas décourager par l’indifférence et la méchanceté ; la grâce de Dieu, par l’Immaculée sera la plus forte… Tu dois gagner ton foyer à l’Immaculée, c’est là ton terrain d’action. Tes armes seront la prière, le bon exemple et la bonté, surtout une grande douceur et bonté, qui sont comme un reflet de la bonté de l’Immaculée.” Lettre à un lecteur, 12.09.1924 ; BMK, p. 323.
Un missionnaire raconte : un jour, un hindou intelligent vint le voir et exprima le désir de se convertir au catholicisme. Le prêtre étonné lui demanda ce qui le poussait à faire cette démarche. Il répondit que longtemps il n’avait pas cru au célibat des prêtres missionnaires catholiques, mais qu’il s’en était convaincu après les avoir longtemps observés, et il pensait que la religion catholique devait être vraie, si elle donnait une telle force. Il en est toujours ainsi. Les gens veulent voir la doctrine chrétienne en acte. (Conférence du 13.02.1938 ; KMK, p. 205.)
Le moyen d’étendre la M.I., c’est notre vie.
Saint Paul s’adresse aux fidèles en ces termes: « Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ. » Faites comme moi. Chacun d’entre nous doit faire de même et s’écrier avec saint Paul : « Soyez parfaits… » Sinon en paroles, du moins en esprit, se comporter de telle façon que chacun puisse nous imiter, et c’est ainsi que nous nous sanctifierons nous-mêmes. C’est notre plus grande mission : montrer par l’exemple ce qu’est un chevalier de l’Immaculée. (Conférence du 5.03.1939 ; KMK, p. 338.)