La maladie incurable

La maladie incurable

Encore à Rome lors de la découverte de sa maladie : les débuts de la tuberculose

C’est en 1917, à l’âge de 23 ans, que le Père Maximilien Kolbe est diagnostiqué comme ayant une tuberculose si grave que les médecins déclarent qu’il lui reste tout au plus que « trois mois à vivre ». Un poumon s’était complètement effondré et l’autre était endommagé. Plus tard, son état s’est détérioré au point où ses supérieurs l’ont démis de ses fonctions d’enseignant et l’ont limité à entendre des confessions et à prêcher quelques sermons.

Aussi débilitante que fût sa maladie, il considérait son plus lourd fardeau comme l’apathie, voire l’antagonisme, l’indifférence, la moquerie de ses confrères envers ses efforts pour promouvoir son nouvel apostolat. Malgré cela, et le pronostic de n’avoir plus que trois mois à vivre, le Père Kolbe a refusé de perdre sa confiance en l’Immaculée.

Dans son journal, le jeune étudiant Maximilien écrit :

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Les repas du clergé italien sont peut-être un peu plus reconstituants que la pauvre soupe franciscaine dont se contentait les frères

« Nous sommes allés à « Vigna » qui se trouve à environ 20-30 minutes à pied du Collège, pour une période de vacances. Pendant un match de football, du sang a commencé à sortir de ma bouche. Je m’écartai et m’allongeai sur l’herbe. Br. Girolamo Biasi, de mémoire bénie, a pris soin de moi. J’ai craché du sang pendant un bon moment. Peu de temps après, je suis allé chez le médecin. Je me réjouissais à l’idée que j’approchais peut-être déjà de la fin de ma vie. Le médecin m’a ordonné de retourner [au Collège] dans un carrosse et d’aller me coucher. Les médicaments pouvaient à peine arrêter le flux de sang, qui continuait à sortir. Pendant ces jours, le jeune et pieux clerc fr. Girolamo Biasi, de bonne mémoire, venait me voir.

 

Deux semaines plus tard, le médecin m’a finalement autorisé à sortir pour la première fois. En compagnie d’un autre clerc, fr. [Giovanni] Ossanna Je suis arrivé à la « Vigna », bien qu’avec difficulté. Quand les ecclésiastiques m’ont vu, ils ont applaudi et étaient de bonne humeur, et m’ont apporté des figues fraîches, du vin et du pain. Après avoir mangé et bu, mes courbatures ont cessé, et pour la première fois j’évoquai l’idée de fonder une association avec le Fr. Girolamo Biasi et le P. Iosif Pal, qui avait été ordonné prêtre avant moi alors que nous fréquentions la même année de théologie. » Mugenzai no Sono, avant le 16 octobre 1934

Ces évènements arrivent juste après que le Père Maximilien ait vu les manifestations orgueilleuses des forces du mal et des franc-maçons à Rome mais déjà, au lieu de s’appitoyer sur son sort de malade, il pense à la future « Militia Immaculatæ ».

Rome, après le 26 septembre 1918
Chère Maman! Quant à moi, il y aurait beaucoup de choses à dire, si le Seigneur le veut, je le ferai oralement (si je suis vivant). Comme je l’ai déjà dit, je reconnais en tout une protection spéciale de la Mère Immaculée.

Ces paroles montrent que le Père Maximilien était conscient de l’avancée de sa tuberculose, dont il avait déjà vu les premiers symptômes au cours de l’été de l’année précédente.

Le 7 octobre 1919

Le 7 octobre 1919, en la fête du Saint Rosaire, sa confiance fut récompensée lorsque six frères clercs et leur maître, le père Keller, signèrent leurs noms pendant la récréation ce soir-là dans le livre qui servirait aux inscriptions dans la Militia Immaculatæ. À partir de ce moment, l’apostolat a commencé à croître. Il avait payé déjà avec deux années de maladie incurable alors que les médecins avaient dit trois mois tout au plus de sursis.

Le chapelain du sanatorium de Zakopane, 1920Zakopne12

Victime de fièvre et de délire, il fut admis à l’hôpital de Cracovie en juin 1920, d’où il fut transféré au sanatorium de Zakopane  le 11 août 1920. Là, il passa dix-huit mois à respirer l’air de la montagne tout en étant aumônier à l’hôpital climatique (aujourd’hui hôpital des maladies infectieuses). Quelle consolation pour lui, à son arrivée ! Le doux vocable de Notre-Dame des apôtres avait été judicieusement donné à la petite chapelle.

Cette absence forcée de son travail, en pleine croissance de son nouvelle apostolat de la MI, aurait arrêté la plupart des prêtres auto-motivés dans leur élan, mais là encore, nous voyons la preuve que le Père Kolbe n’était pas un prêtre ordinaire et qu’il était motivé par sa Bien-Aimée Immaculée.

Il y avait tant à faire et le voilà, confiné au sanatorium. Nie ma problemu ! (Pas de problème !) Ne pouvant sortir en ville, il s’efforça de parler individuellement aux autres patients du sanatorium, et organisa bientôt des groupes pour des réunions et des conférences religieuses, distribuant tout le temps des médailles miraculeuses à tous ceux qui le voudraient les accepter.

Le sanatorium avait la réputation d’être un fief des athées, peut-être pour des raisons évidentes, mais néanmoins la Vierge Immaculée récompensa ses efforts par de nombreuses conversions à la foi.

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Déclaré hors-service à 23 ans, le Père Kolbe est constitué aumônier temporaire du sanatorium en 1920

Parmi celles-ci figurait la conversion d’un jeune étudiant juif qui avait fréquenté le Père. Après de nombreux pourparlers avec le Père Kolbe la maladie du jeune homme s’aggrava rendant impossible les entretiens et confinant le jeune homme dans son lit. Que va devenir la courageuse initiative de ce jeune homme ?

Père Kolbe obtint l’autorisation (normalement refusée en la circonstance) de lui rendre visite. Il lui apporta une Médaille Miraculeuse qu’il mit autour du cou du jeune homme et, le prépara à la mort. Il lui administra les sacrements de Baptême, d’Eucharistie et d’Extrême-Onction. Pourtant, à un moment, le jeune homme semblait troublé et il confia au Père Kolbe que sa mère le maudirait pour s’être converti du judaïsme au christianisme. Père Kolbe lui assura qu’il serait au paradis avant l’arrivée de sa mère. Ce fut le cas, et ses mots de désapprobation, en voyant la médaille autour du cou de son fils, arrivèrent trop tard.

Au bout de dix-huit mois, le Père Kolbe était assez bien pour pouvoir retourner à Cracovie. Revigoré, infatigable et plein de zèle, il se remet sérieusement au travail mais le 18 septembre 1926, le Père est obligé de retourner à Zakopane pour soigner la tuberculose.

Toujours malade mais aussi, toujours apôtre !

Extrait du journal de bord du Père Kolbe :

« Brindisi, Rome, Niepokalanów, mai-juin 1933
A Aversa, je me retrouve dans une salle d’attente pendant près de quatre heures. Je commence à me sentir mal. Dois-je acheter un billet de deuxième classe ? Mais alors je devrais [payer tout le voyage depuis] Brindisi. Je fais un rêve « noir » sur un banc dur. Plus tôt, pour le dîner, j’avais mangé une tablette de chocolat qui m’avait coûté 1 lire et bu de l’eau à la fontaine de la gare. J’ai dormi sur un banc en bois avec mes valises sous la tête. Immaculée, c’est tout pour vous ! Encore une conversation avec un marin et une médaille pour lui aussi. Idem avec deux autres personnes.

À 3h29, le train de Rome est arrivé, mais il était bondé de gens qui dormaient, il était donc assez difficile de trouver une place. Grâce à l’Immaculata, cependant, j’en ai finalement trouvé un et j’ai pu commencer à écrire. Je regrette de ne pas avoir acheté un billet de deuxième classe. Pourquoi suis-je rempli de remords ? En fait, j’avais commencé à me sentir plus mal. Une sorte de diarrhée semblait s’être emparée de moi. Je me sentais aussi coupable de ne pas avoir mangé le pain plat que j’avais apporté avec moi du Japon. Pourtant, le pain n’aurait-il pas aggravé les choses avec le flegme dans mon estomac ? Je commence à réaliser que mes compagnons de route se méfient désormais moins de moi, surtout après qu’ils ont remarqué que j’écris ; en fait, que je fais beaucoup d’écriture. Que l’Immaculée dirige toutes choses ! Gloire à elle pour toutes choses à tous les âges ! »

La maladie de la tuberculose a des répercutions sur l’âme généreuse du Père KolbeZakopne16

Il était assez habitué à prendre les précautions sanitaires les plus élaborées afin de protéger les frères du danger de la tuberculose. Mais ses précautions pouvaient tourner aux scrupules surtout à propos de la récitation du bréviaire, qui pour lui avait été commuée en celle d’un tiers du chapelet. Cet arrangement était temporaire et renouvelable ; d’où une certaine crainte de sa part que les termes soient expirés, ou que les circonstances requises par l’indult ne s’appliquent plus, surtout après que l’évêque lui eut conseillé de reprendre la récitation du bréviaire. C’est pourquoi, comme il décrit sa mauvaise santé, il a peur de ne pas être objectif et il remarque :

                        « Je mange les meilleurs morceaux, je reste au lit plus longtemps, tandis que les autres retroussent leurs manches et travaillent dur. »

Lorsque la nouvelle court que le Père Maximilien Kolbe est mort de la tuberculose…

Nieszawa, le 29 juin 1921, [lettre à son frère Alphonse Kolbe] : Cher frère ! J’ai déjà envoyé une lettre à Rome comme preuve que je suis encore en vie…

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Les nouvelles vont plus vites que la musique… et la partition est faussée

On ne sait pas comment, en juin 1921, la nouvelle était arrivée à Rome que le Père Maximilien était mort. Il aurait été facile de croire à un tel rapport, puisque beaucoup d’entre eux connaissaient son état de santé précaire.

Le Recteur du Collège Séraphique International, le P. Stefano Ignudi, suivant la tradition, a célébré une messe à la mémoire du Père Maximilien et dans la Chronique du Collège Séraphique de Saint Théodore des Frères Mineurs Conventuels, il écrivit, le 14 juin 1921, la nécrologie suivante, en italien :

…voici la nécrologie

« Juin 14—Aujourd’hui une messe de Requiem a été chantée, en troisième classe, pour l’âme du Père Maximilien Raymond Kolbe de la Province de Pologne, élève de ce Collège : il est mort de la tuberculose le… C’était un petit ange, un petit saint, plein de ferveur et de zèle ; l’un des étudiants les plus observateurs et les plus édifiants et aussi dans ses études, l’un des meilleurs que ce Collège n’ait jamais eu. Il a établi ici parmi les personnes les plus consentantes une association vouée à la prière pour la conversion des pécheurs, en particulier des ennemis les plus destructeurs de l’Église, les francs-maçons, etc., en l’honneur de l’Immaculée, sous le titre Militia Imaculatæ Conceptionis BMV, qui perdure. Il est diplômé en philosophie de l’Université grégorienne et en théologie de ce Collège le 22 juillet 1919. Ordonné prêtre le 28 avril 1918, il a quitté le Collège le 23 juillet 1919. Dans l’espace vide (pour la date du décès) le P. Ignudi écrira plus tard : « Il n’est pas mort ! C’était une fausse nouvelle. »

Le Père Kolbe connaissait bien sa maladie

Extrait du journal de bord du Père Kolbe :

Zakopane, le 28 septembre 1920
Chère maman !… Quant à ma santé, le médecin m’a dit que la partie gauche de mon poumon va raisonnablement bien, le droit n’est pas encore guéri ; donc la thérapie va durer encore quelques mois, car ce sont de longues maladies. Mais ce sera mieux comme Dieu en dispose, par l’Immaculée. Je vous demande de prier afin que je puisse accomplir la Volonté de Dieu. Votre fils bien-aimé, le P. Maximilien

 

Au P. Jacek Wanatowicz, Krakow P.b.J.C. Zakopane, le 18 octobre 1920
Cher Père, … Je ne sais pas quand je reviendrai ; et il est possible qu’ils m’enterrent d’abord ici. Cependant, ce que le Seigneur accorde, ce sera la meilleure chose. Le côté gauche [de mes poumons] va déjà mieux, juste le côté droit n’est pas encore guéri, car en haut, il y a une autre partie du poumon qui est infectée. Il y a aussi un „creux“ là-bas et le docteur veut s’amuser à être maçon et boucher les trous avec de la chaux (heureusement, pour l’instant sans briques), car sinon il me semble que je devrais attendre longtemps, et peut-être inutilement , pour qu’ils guérissent. Et comme les montagnards sont ici en train de construire des maisons, des granges, etc., partout, et même un nouvel hôpital (la récolte est finie, donc les gens ont le temps), même le médecin veut faire la restauration de mes poumons en hiver, ce qui ici a déjà commencé.

 

Au P. Peregryn Haczela, Lviv Zakopane, 7 janvier 1927
Très Révérend Père Provincial ! Aujourd’hui, j’ai reçu des nouvelles du P. Alfons concernant votre réponse sur le cas du Fr. Ewarist. Je me sens obligé d’envoyer quelques éclaircissements. Ainsi, lorsque j’ai demandé au Dr Kraszewski de Zakopane s’il y avait des possibilités de guérison pour le frère Melchior, étant donné la présence de trois cavités dans ses poumons, il m’a dit qu’à ce stade la tuberculose est très contagieuse, à tel point qu’une personne peut infecter tout le monde. Il s’agit en fait de « tuberculose active ». Donc les bacilles dans la salive peuvent se chiffrer en millions dans son mouchoir, ses poches et sur ses mains. Quand on utilise le mouchoir pour la deuxième fois, le crachat est maintenant sec, mais tout l’air autour est déjà contaminé, et les bacilles circulent dans les couloirs et les chambres. C’est ainsi tous les jours… »

 

pour les histoires de Kolbe 1
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