L’ange de Fatima nous apprend à prier

L’ange de Fatima nous apprend à prier

Dans l’année 1916, donc il y a exactement 100 ans, les trois petits bergers de Fatima ont été préparés par les troisaniol apparitions de l’ange aux grandes apparitions mariales de 1917. L’ange de Fatima (on suppose que c’était le saint archange Michel), leur révéla alors ce qu’on appelle « les prières de l’ange » et les introduisit dans l’esprit de la prière et du sacrifice. Si Dieu dans sa bonté envoie un ange – et même évidemment l’un des plus grands – pour apprendre à prier aux petits bergers, il est clair que les révélations et les instructions de l’ange valent pour nous tous et que nous pénétrons plus profondément dans l’esprit de Fatima, que nous devenons de meilleurs apôtres de Fatima, d’autant plus que nous les acceptons et les appliquons personnellement.

 

objawienie aniola fatimaL’ange nous apprend, il est vrai, deux prières bien définies, mais il nous montre avant tout quel foyer doit avoir notre prière, comment notre tenue intérieure doit paraître dans la prière.

 

Le premier foyer : Dieu

 

« Ô mon Dieu ! » – Le grand archange est rempli de la grandeur de Dieu, il est rempli de sa présence. Telle est la base et la préparation pour une bonne prière.

 

« Ô mon Dieu ! » – Je Vous reconnais comme mon seul Dieu ! Je renonce de tout cœur à tous les faux dieux – à toutes les idoles que ce monde me met devant les yeux par le désir des yeux, le désir de la chair et l’orgueil de la vie.

 

« Ô mon Dieu ! » – En Vous seul je veux trouver ma joie, mon trésor, mon bonheur, mon honneur et mon repos… » À Vous appartient mon cœur !

 

L’ange adore Dieu. Quand nous adorons Dieu, nous reconnaissons la grandeur de Dieu, que Dieu est tout, et nous, ses créatures – complètement dépendants de Lui – dans une certaine mesure, un néant. Une telle prière est la meilleure médecine contre les tentations que le diable nous envoie depuis la chute. « Vous serez comme Dieu ! » Le meilleur remède contre son  « non serviam – je ne veux pas servir », contre la révolte contre Dieu – le péché. Le préambule à l’adoration est la foi, et avec elle sont liés les actes d’espérance et de charité. Si nous reconnaissons être complètement dépendants de Dieu, il est logique que nous espérions tout de Lui.

 

La charité prend part à la souffrance de l’être aimé. L’ange dit aux enfants : « Consolez votre Dieu. » Et il leur apprend à faire des réparations. Dieu est donc « affligé », « triste », du moins en l’exprimant avec des paroles humaines. Qu’est-ce donc qui le trouble ? Ce sont « ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne L’aiment pas, donc ceux qui suivent le « non serviam » du démon. Et ce sont les outrages, les sacrilèges et les actes d’indifférence contre le saint Sacrement de l’autel, par lesquels le Cœur de Jésus est si « terriblement offensé ».

Il est donc évident que la divine Providence nous a surtout révélé cette prière en vue de notre temps. Car il ne fait aucun doute que Dieu n’a jamais encore été autant insulté dans le saint Sacrement de l’autel ; tout en faisant abstraction des milliards d’hommes qui ne croient (plus), n’adorent plus, n’espèrent plus et n’aiment plus. N’est-il pas étonnant que Dieu attende, face à ces insultes, une consolation venue de nous, pauvres créatures ? Déjà cet appel nous était adressé par le psalmiste : « Mon cœur n’a à s’attendre qu’à l’outrage et à la souffrance. Je cherche du regard si j’aurai pour moi la compassion de quelqu’un – personne ne vient. Je cherche un consolateur – je n’en trouve aucun » (psaume LXVIII, 21).

 

Plus tard Notre-Dame de Fatima indiquera aussi que Notre-Seigneur  « a déjà été beaucoup trop insulté ».

 

Notre modèle pour une prière avec son foyer vers Dieu, en réponse à cet appel de l’ange, est le bienheureux Francisco. Il était tout à fait pénétré de cette pensée : « J’aime tellement Dieu ! » « Dieu est très triste à cause de ces nombreux péchés ! Nous ne devons plus jamais commettre un péché ! » Et il consacre vraiment sa courte vie à la contemplation particulière de ce mystère : « Je pense à Dieu, qui est tellement triste à cause des nombreux péchés ! Si je pouvais seulement Le consoler ! »

 

Ce foyer, (pour parler plus exactement, l’expiation et la réparation), fait partie des principales demandes du message de Fatima. Comme Lucie l’a dit : « C’est pour cela que je crois que Dieu ne m’emploie que comme son instrument, pour rappeler au monde qu’il est nécessaire de renoncer au péché et d’offrir une expiation à un Dieu offensé, par la prière et la pénitence. »

 

Est-ce qu’aujourd’hui nous ne sommes pas appelés pour être nous aussi des instruments, qui rappellent au monde cette nécessité en vivant nous-mêmes ces nécessités ?

 

Le deuxième foyer : le prochain

 

L’ange nous apprend ensuite à penser au prochain : « Je Vous demande pardon pour ceux… » Il nous apprend à prier pour la « conversion des pauvres pécheurs », par la médiation du Sacré Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie. Nous devons offrir des sacrifices pour les hommes ingrats, qui « offensent si terriblement » Dieu, prier pour eux et à leur place, pour que Dieu puisse leur accorder la grâce du pardon et de la conversion.

 

Notre-Dame de Fatima nous rappelait aussi cette prière le 19 août 1917. Elle disait, avec une expression triste de son visage : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs ; car beaucoup vont en enfer parce que personne ne se sacrifie pour eux et ne prie pour eux. » On ne sait pas si l’on doit s’étonner de la grande mission que le Bon Dieu nous a confiée, ou s’effrayer de la responsabilité qui est liée à cette mission.

 

Il nous est ici rappelé le nouveau commandement que le Christ nous a confié : « Aimez-vous les uns les autres ! Comme Je vous ai aimés, vous devez aussi vous aimer les uns les autres » (Jean XIII, 34).

Avec ce foyer un beau modèle se dresse encore devant nos yeux. C’est la bienheureuse Jacinthe, qui, par l’appel de l’ange et les apparitions de Marie comme par la vision de l’enfer, était tout à fait saisie par cette vérité. Lucie raconte plus tard en parlant d’elle : « Jacinthe était souvent assise, pensive, par terre, et elle s’écriait : ̎Oh ! l’enfer, l’enfer ! Comme elles me font mal, toutes ces âmes qui vont en enfer ! Et les hommes là-dessous, brûlant tout vifs comme du bois dans le feu !” Alors elle se mettait à genoux, frissonnant, les mains jointes. »

 

Saint Maximilien est saisi par la même vérité quand il fonde la Milice de l’Immaculée et encourage les chevaliers de l’Immaculée à s’engager comme instruments de l’Immaculée pour le salut des âmes.

 

Et nous-mêmes ?

Est-ce que nous n’allons pas trop vite, quand nous dirigeons le foyer de la prière – nous oubliant nous-mêmes – vers Dieu et vers notre prochain ? Un regard sur Notre-Dame nous donne la réponse. Elle n’a jamais pensé à Elle-même, Elle était là comme « la servante du Seigneur », tout à fait pour Dieu et pour le prochain. Et qui a été plus richement béni qu’Elle ?

L’ange nous apprend à espérer humblement en Dieu. Quand nous prions « Oh mon Dieu, j’espère en Vous », nous exprimons notre dépendance et notre confiance en Dieu. Par là nous disons à Dieu que nous espérons tout de Lui dans le domaine naturel comme dans le domaine surnaturel. Cette espérance, liée avec un amour de Dieu et du prochain, de grand cœur, oublieux de soi-même, est la meilleure condition pour recevoir de Dieu « notre pain de chaque jour » dans toutes les occasions nécessaires. Le Sauveur nous a promis que tout ce qui nous est nécessaire nous est donné, si notre premier souci est le royaume de Dieu.

 

Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup !

Par la visite de l’ange auprès des enfants qui jouaient, à l’occasion de la deuxième apparition, il nous donne un de ses enseignements les plus importants. « Que faites-vous ? » – Cela sonne presque comme un reproche, pourtant les enfants ne faisaient que jouer innocemment. Il pouvait les avertir et nous avertir de bien utiliser toutes nos activités, même les plus banales, en les dorant avec des oraisons jaculatoires et en leur donnant une valeur d’éternité. « Offrez toujours des prières et des sacrifices au Très-Haut », dit-il à ces petits enfants. C’est comme un écho de la parole de saint Paul : « Priez sans relâche » (première Épître aux Thessaloniciens V, 17). Le Christ aussi nous avertit de prier toujours et de ne pas nous décourager (Luc XVIII, 1).

 

Jésus a révélé à la sœur capucine Consolata Betrone (1903-1946, son procès de béatification est en cours) le « parfait acte d’amour » – « Jésus, Marie, je Vous aime, sauvez les âmes ! » – par lequel il l’a faite entrer dans la prière perpétuelle du cœur. Il lui demandait de dire constamment cette prière, pendant toute la journée et Il lui disait : « Considère qu’un acte d’amour peut décider de la béatitude éternelle d’une âme. Fais donc bien attention de ne négliger par une seule fois, Jésus, Marie, je Vous aime, sauvez les âmes ! » Un « Jésus, Marie, je Vous aime, sauvez les âmes ! » expie mille blasphèmes. Nous voyons aussi que cette prière, qui est plus un chemin spirituel qu’une oraison jaculatoire, contient les deux foyers cités plus haut : l’amour de Dieu et des âmes.

Ainsi nous allons nous laisser dire par l’Immaculée ou par notre ange gardien, dans toute la journée, toujours et encore : « Que fais-tu ? Est-ce que tu utilises bien ton temps ? Utilise cet instant, car il est le seul qui est sûrement à toi, auquel tu peux donner une valeur d’éternité ou que tu peux laisser passer, inutile ou tout à fait coupable. Ne désires-tu pas renoncer à telle ou telle distraction et, au lieu de cela, faire la prière du cœur, pendant la vaisselle, la conduite d’une auto ou d’autres activités banales de toute la journée ? Plus nous répondons ici de grand cœur, plus nous attirons la bénédiction du Ciel pour nous et pour les âmes.

 

Par l’exemple de la prière, nous voyons combien Fatima et la M.I. sont spirituellement liées. Saint Maximilien indique aussi aux chevaliers de Marie Immaculée la valeur de l’oraison jaculatoire : « En ce qui concerne la prière, il ne s’agit pas d’être longtemps à genoux et de prier, mais d’éveiller souvent dans notre cœur des oraisons jaculatoires, qui ne négligent en aucune manière nos devoirs. »

 

Notre patron a désigné la prière comme le moyen le plus important dans la lutte pour le salut des âmes, et il a écrit : « La prière est un moyen méconnu, mais pourtant le plus puissant, pour rétablir la paix dans les âmes, leur donner le bonheur, les conduire près de l’amour de Dieu. La prière renouvelle le monde, la prière est la condition nécessaire de la renaissance et de la vie de chaque âme. Par la prière, sainte Thérèse est devenue la patronne de toutes les missions, quoiqu’elle n’ait jamais quitté les murs du cloître. Nous voulons, nous aussi, prier, bien prier, beaucoup prier, avec les lèvres, avec le cœur.

Benjamin Aepli

Ritter der Immaculata

1.Jahrgang Nr 3/2016, page 9

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