Le Père Kolbe et la Russie

Le Père Kolbe et la Russie

« Nous ne croyons pas qu’il soit lointain, ni qu’il soit simplement un rêve, ce jour grandiose où la statute de l’Immaculée trônera, grâce à ses missionnaires, au cœur même de Moscou »

Un spécialiste de notre héros a pu dire : « Tout la vie du Père Kolbe a été marquée par la Russie » (Père Jean- François de Louvencurt, Saint Maximilien Kolbe, ami et docteur de la prière, Centro Internazionale « Milizia Delle’Immaculata », Rome, 1998, p. 424). Il est né dans la zone russe de la Pologne alors occupée (1894) ; son acte de naissance est rédigé dans les deux langues.

Une foi la M.I. fondée, son grand rêve fut de l’introduire en Russie alors soviétique. Mais le Père Kolbe n’est pas un « rêveur » ; il passe vite aux actes. A son frère Alphonse, franciscain comme lui, il écrit en 1926 : « Très cher frère, il serait bon d’imprimer en russe les pages d’inscription de la M.I. Frère Albert connaît le russe, et M. Redzidi peut prêter les caractères typographiques » (Scritti di Massimiliano Kolbe (SK) no 130) Mais pour l’instant, la Providence le veut ailleurs. Il fonde Niepokalanów en 1927, puis en février 1930 il part au Japon fonder une deuxième « Cité de l’Immaculée ».

Contraint de retourner en Pologne en août de cette même année, il demande à son supérieur : « Serait-il opportun que je m’arrête un peu à Moscou, si c’est possible – évidemment dans la mesure où cela me sera accordé – (En effet on est alors au plus fort de la terreur stalinienne.) – pour examiner la situation religieuse de l’endroit et la possibilité de commencer la publication d’un Chevalier en russe  ? » (SK 455) Rentrant à Niepokalanów par la Sibérie, il s’arrête quatre jours à Moscou, et va incognito sur l’immense Place Rouge, devant le Kremlin. Comme saint Pierre arrivant à Rome, capitale du paganisme antique, il est là dans sa faiblesse et sa pauvreté, au centre de la diffusion mondiale du communisme intrinsèquement pervers. Mais il est sûr de la victoire de sa Dame, qui renversera à nouveau le trône de Satan, comme dans le christianisme naissant la Chaire de Pierre s’établit là même où le diable régnait en maître.

Voici en effet ce qu’il dira en février 1937 à Rome, à l’occasion du vingtième anniversaire de la M.I. : « Nous ne croyons pas qu’il soit lointain, ni qu’il soit simplement un rêve, ce jour grandiose où la statue de l’Immaculée trônera, grâce à ses missionnaires, au cœur même de Moscou » (P. Antonio Ricciardi, Maximilien Kolbe, prêtre et martyr, Mediaspaul, Paris, 1987, p. 253 ; voir aussi SK 343 et Positio super virtutibus vol. II p. 55, 71, 257).

Il répéta plusieurs fois cette prédiction, notamment au Père Pignalberi : « Il m’affirma qu’au centre de Moscou se dresserait la statue de l’Immaculée, mais qu’auparavant l’épreuve du sang serait nécessaire. (…) Cette allusion à l’épreuve du sang, il me la répéta quelques jours plus tard. (…) Je restais troublé devant une déclaration aussi nette, mais il insista en disant que c’était bien ainsi, et que c’était même nécessaire. » (Ib., p.254)

Bien que de son vivant, il n’ait pas pu concrétiser la publication du Chevalier en russe et sa diffusion en Union Soviétique, il profitait de toutes les occasions de contact avec les Russes. En 1921, il rencontre des prisonniers de l’Armée Rouge ; il fait venir des livres en russe pour les leur prêter et leur propose des médailles miraculeuses. « Quand nous regarderons cette médaille, disent-ils en le remerciant, nous nous souviendrons qu’un prêtre nous l’a donnée. » (P. de Louvencourt, op. cit., p. 425) En voyage pour le Japon en 1930, sur le bateau, il a une discussion serrée avec un Russe partisan acharné de Darwin.

 

 

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