Le récit des apparitions de Notre-Dame à Lourdes

Le récit des apparitions de Notre-Dame à Lourdes

LES 5 APPARITIONS DU MOIS DE FEVRIER 1858 

Lourdes, le jeudi 11 février 1858, première apparitionLourdes pr page recit apparition2

Il était environ midi. L’Angélus sonnait à tous les clochers des villages de France. Bernadette qui était en train d’ôter son premier bas pour traverser la rivière entend autour d’elle comme le bruit d’un coup de vent. Se levant promptement, elle crut à un ouragan et se retourna instinctivement. A sa grande surprise, les peupliers qui bordent la Gave étaient dans une complète immobilité. Aucune brise, même légère, n’agitait leurs branches paisibles.

— Je me serai trompée, se dit-elle.

Et, songeant encore à ce bruit, elle ne savait que croire. Elle se remit à se déchausser. A ce moment l’impétueux roulement de ce souffle inconnu se fit entendre de nouveau. Bernadette leva la tête, regarda en face d’elle et voulut pousser un grand cri qui s’étouffa dans sa gorge. Elle frissonna de tous ses membres, et, terrassée, éblouie, écrasée en quelque sorte par ce qu’elle aperçut devant elle, elle s’affaissa sur elle-même, ploya, pour ainsi dire, tout entière, et tomba à deux genoux.

Au-dessus de la Grotte, dans une excavation rustique formée par le rocher, se tenait debout, au sein d’une clarté surhumaine, une femme d’une incomparable splendeur. L’ineffable lueur qui flottait autour d’elle ne troublait ni ne blessait les yeux comme l’éclat du soleil. Tout au contraire, cette auréole, vive comme un faisceau de rayons et paisible comme l’ombre profonde, attirait invinciblement le regard. Rien de vague, d’ailleurs, ou de vaporeux dans l’Apparition elle-même. Elle n’avait point les contours fuyants d’une vision fantastique ; c’était une réalité vivante, un corps humain, que l’œil jugeait palpable comme la chair de nous tous, et qui ne différait d’une personne ordinaire que par son auréole et par sa divine beauté.

Elle était de taille moyenne. Elle semblait toute jeune environ 16 ans et dans ses traits on pouvait cependant entrevoir les quatre âges de la vie humaine : L’innocente candeur de l’Enfant, la pureté absolue de la Vierge, la gravité tendre de la plus haute des Maternités, une Sagesse supérieure à celle de tous les siècles accumulés, se résumaient et se fondaient ensemble.

  • Les vêtements, d’une étoffe inconnue, étaient blancs comme la neige immaculée des montagnes.
  • La robe, longue et traînante, la robe aux chastes plis, laissait ressortir les pieds, qui reposaient sur le roc et foulaient légèrement la branche de l’églantier.
  • Sur chacun de ces pieds, s’épanouissait la Rose mystique, couleur d’or.
  • Sur le devant, une ceinture, bleue comme le ciel, nouée dont les pants descendaient en deux longues bandes touchant presque les pieds. En arrière, enveloppant dans son amplitude les épaules et le haut des bras, un voile blanc, fixé autour de la tête, descendait jusque vers le bas de la robe.
  • Un chapelet, dont les grains étaient blancs comme des gouttes de lait, dont la chaîne était jaune d’or, pendait entre les mains, jointes avec ferveur.

Le silence de l’apparition et le chapelet de BernadetteLourdes pr page recit apparition1

Les grains du chapelet glissaient l’un après l’autre entre les doigts. Toutefois, les lèvres de cette Reine des vierges demeuraient immobiles. Au lieu de réciter le rosaire, elle écoutait peut-être en son propre cœur l’écho éternel de la Salutation Angélique et le murmure immense des invocations venues de la terre.

Cette apparition merveilleuse mais silencieuse regardait Bernadette, qui se tenait à ses genoux.

L’enfant, dans sa première stupeur, avait instinctivement mis la main sur son chapelet ; et, le tenant dans ses doigts, elle voulut faire le signe de la Croix et porter la main au front. Mais son tremblement était tel qu’elle n’eut pas la force de lever le bras ; il retomba, impuissant, sur ses genoux.

Le regard et le sourire de la Vierge incomparable rassurèrent bien vite la petite bergère effrayée.

D’un geste grave et doux, la Dame fit Elle-même, comme pour encourager l’enfant, le signe de la Croix. Et la main de Bernadette, se soulevant peu à peu comme invisiblement portée par Celle que l’on nomme le Secours des Chrétiens, fit en même temps le signe sacré.

L’enfant n’avait plus peur. Eblouie, charmée, doutant pourtant par instants d’elle-même et se frottant les yeux, le regard constamment attiré par cette céleste Apparition, ne sachant trop que penser, elle récitait humblement son chapelet : Comme elle venait de le terminer en disant : « Gloire au Père, au Fils et à l’Esprit, dans les siècles des siècles,» la Dame de lumière disparut tout à coup.


Lourdes, le dimanche 14 février 1858, deuxième apparitionLourdes pr page recit apparition4

En revenant de la Messe, Bernadette pria sa soeur Marie, Jeanne et deux ou trois autres enfants, d’insister auprès de sa mère pour qu’elle levât sa défense et leur permit de retourner aux Roches de Massabielle.

— Peut-être est-ce quelque chose de méchant disaient les enfants.

Bernadette répondait qu’elle ne le croyait pas, qu’elle n’avait jamais vu une physionomie si merveilleusement bonne.

—En tout cas, reprenaient les petites filles, qui plus instruites que la pauvre bergère de Bartrès, savaient un peu de catéchisme, en tout cas, il faut lui jeter de l’eau bénite. Si c’est le diable, il s’en ira. Tu lui diras : « Si vous venez de la part de Dieu, approchez ; si vous venez du démon, allez-vous-en. »

Ayant obtenu la permission désirée, le petit groupe se rend à l’église et y prie quelques instants. Une des compagnes de Bernadette avait apporté une bouteille d’un demi-litre : on la remplit d’eau bénite.

Arrivés à la Grotte, rien ne se manifesta tout d’abord.

—Prions, dit Bernadette, et récitons le chapelet.

Voilà les enfants qui s’agenouillent et qui commencent, chacune à part soi, la récitation du Rosaire.

Tout à coup le visage de Bernadette paraît se transfigurer et se transfigure en effet. Une émotion extraordinaire se peint dans tous ses traits ; son regard, plus brillant, semble aspirer une lumière divine.

Les pieds posés sur le roc, vêtue comme la première fois, l’Apparition merveilleuse venait de se manifester à ses yeux.

—Regardez ! dit-elle : la voilà !Lourdes pr page recit apparition3

Hélas ! la vue des autres enfants n’était pas miraculeusement dégagée comme la sienne du voile de chair qui empêche de voir les corps spiritualisés. Les petites filles n’apercevaient que le rocher désert et les branches de l’églantier qui descendaient, jusqu’au pied de cette niche où Bernadette contemplait un Etre inconnu. Toutefois, la physionomie de Bernadette était telle, qu’il n’y avait pas moyen de douter. L’une des enfants plaça la bouteille d’eau bénite entre les mains de la Voyante. Alors Bernadette, se souvenant de ce qu’elle avait promis, se leva, et secouant vivement et à plusieurs reprise la petite bouteille, elle aspergea la Dame merveilleuse, qui se tenait toute gracieuse à quelques pas devant elle, dans l’intérieur de la niche.

—Si vous venez de la part de Dieu, approchez, dit Bernadette.

A ces mots, à ces gestes de l’enfant, la Vierge s’inclina à plusieurs reprises et s’avança presque sur le bord du rocher. Elle semblait sourire aux précautions de Bernadette et à ses armes de guerre, et, au nom sacré de Dieu, son visage s’illumina.

—Si vous venez de la part de Dieu, approchez, répétait Bernadette…

Mais, la voyant si belle, si éclatante de gloire, si resplendissante de bonté céleste, elle sentit son cœur lui faillir au moment d’ajouter : « Si vous venez de la part du Démon, allez-vous-en. »
Ces paroles, qu’on lui avait dictées, lui semblèrent monstrueuses en présence de l’Etre incomparable et elles s’enfuirent pour jamais de sa pensée sans être montées jusqu’à ses lèvres. Elle se prosterna de nouveau et continua de réciter le chapelet, que la Vierge semblait écouter, en faisant elle-même glisser le sien entre ses doigts. A la fin de cette prière, l’Apparition s’évanouit.


Lourdes, le jeudi 18 février 1858, troisième apparitionLourdes pr page recit apparition5

Le lendemain matin, jeudi 18 février, vers six heures, à la naissance de l’aube, après avoir entendu à l’église la Messe de cinq heures et demie, Bernadette prit, avec Antoinette Peyret et Mme Millet, la direction de la Grotte. Après avoir grimpé au flanc de la montagne des Espélugue pour parvenir à la grotte, Bernadette se prosterna, commença la récitation du chapelet, en regardant la niche, encore vide, que tapissaient les branches de l’églantier. Tout à coup elle pousse un cri ; La clarté bien connue de l’auréole rayonne dans le fond de l’excavation ; une Voix se fait entendre et l’appelle. La merveilleuse Apparition se trouvait encore une fois debout à quelques pas au-dessous d’elle. La Vierge admirable penchait vers l’enfant son visage tout illuminé d’une sérénité éternelle ; et d’un geste de sa main, elle lui fît signe d’approcher.

En ce moment arrivaient, après mille efforts pénibles, les deux compagnes de Bernadette, Antoinette et Mme Millet. Elles aperçoivent les traits de l’enfant, transfigurés par l’extase. Celle-ci les entend et les voit.

— Elle est là, dit-elle. Elle me fait signe d’avancer.

— Demande-lui si elle est fâchée que nous soyons ici avec toi. Sans cela nous nous, retirerons.

Bernadette regarda la Vierge, invisible pour tout autre qu’elle, écouta un instant et se retourna vers ses compagnes.

— Vous pouvez rester, répondit-elle.

La confiance en MarieLourdes pr page recit apparition6

Les deux femmes s’agenouillèrent à côté de l’enfant et allumèrent un cierge bénit qu’elles avaient apporté. C’était sans doute bien la première fois, depuis la création du monde, qu’une telle lueur brillait en ce lieu sauvage. Cet acte si simple, qui semblait inaugurer un sanctuaire, avait en lui-même une mystérieuse solennité.

Bernadette, ravis en extase, contemplait la beauté sans tache. Ses compagnes l’interpellèrent alors :

— Avance vers Elle, puisqu’elle t’appelle et te fait signe. Approche-toi. Demande-lui qui Elle est ? pourquoi elle vient ici ? Est-ce une âme du Purgatoire qui implore des prières, qui souhaite qu’on dise des Messe pour elle ?… Prie-la d’écrire sur ce papier ce qu’elle désire. Nous sommes disposées à faire tout ce qu’elle veut, tout ce qui est nécessaire pour son repos.

La Voyante prit le papier, l’encre et la plume qu’on lui tendait, et s’avança vers l’Apparition, dont le regard maternel l’encouragea en la voyant approcher. Pourtant, à chaque pas que faisait l’enfant, l’Apparition reculait peu à peu dans l’intérieur de l’excavation. Bernadette la perdit de vue un instant et pénétra sous la voûte de la Grotte d’en bas. Là, toujours au-dessus d’elle mais beaucoup plus près, dans l’ouverture de la niche, elle revit la Vierge rayonnante.

Bernadette, tenant en main les objets qu’on venait de lui donner, se dressa sur ses pieds pour atteindre, avec ses petits bras et sa modeste taille, à la hauteur où se tenait debout l’Etre surnaturel. Ses deux compagnes avancèrent aussi pour tâcher d’entendre l’entretien qui allait s’engager. Mais Bernadette, sans se retourner, et comme obéissant elle-même à un geste de l’Apparition, leur fit signe de la main de ne point approcher. Toutes confuses, elles se retirèrent un peu à l’écart

— Ma Dame, dit l’enfant, si vous avez quelque chose à me communiquer, voudriez-vous avoir la bonté d’écrire qui vous êtes et ce que vous désirez.

Une promesse extraordinaireLourdes pr page recit apparition7

La divine Vierge sourit à cette demande naïve. Ses lèvres s’ouvrirent et elle parla :

— Ce que j’ai à vous dire, répondit Elle, je n’ai point besoin de l’écrire. Faites-moi seulement la grâce de venir ici pendant quinze jours.

— Je vous le promets, dit Bernadette.

La Vierge sourit de nouveau et fit un signe de satisfaction, montrant ainsi sa pleine confiance en la parole de cette pauvre paysanne de quatorze ans. A la parole de Bernadette, Elle répondit, elle aussi, par un engagement solennel :

— Et Moi, dit-elle, je vous promets de vous rendre heureuse, non point dans ce monde, mais dans l’autre. »

A l’enfant qui lui accordait quelques jours, quelques jours de visite, Elle assurait, en compensation, l’éternité et le bonheur éternel.

Bernadette, sans perdre de vue l’Apparition retourna vers ses compagnes.  Elle remarqua que, tout en la suivant elle-même des yeux, la Vierge reposa un long moment et avec bienveillance son regard sur Antoinette Peyret, celle des deux qui n’était point mariée et qui faisait partie de la Congrégation des Enfants de Marie. Elle leur répéta ce qui venait de se passer.

— Elle te regarde en ce moment, dit la Voyante à Antoinette. Celle-ci fut toute saisie de cette parole, et depuis cette époque » elle vit de ce souvenir.

— Demande lui, dirent-elles, si cela la contrarierait que durant cette Quinzaine, nous vinssions t’accompagner ici tous les jours ?

Venir à LourdesLourdes pr page recit apparition8

Bernadette s’adressa à l’Apparition.

—Elles peuvent revenir avec vous, répondit la Vierge, elles et d’autres encore. Je désire y voir du monde.

En disant ces mots, elle disparut, laissant après elle cette clarté lumineuse dont elle était entourée et qui s’évanouit elle-même peu à peu. Cette fois-là, comme les autres, l’enfant remarqua un détail qui semblait comme la loi de cette auréole dont la Vierge était constamment entourée.

—Quand la Vision a lieu, disait-elle en son langage, je vois la Lumière tout d’abord et ensuite la « Dame » ; quand cette Vision cesse, c’est la « Dame » qui disparaît la première et la Lumière en second lieu.


Lourdes, le dimanche 21 février 1858, quatrième apparition.

L’enfant traversa simplement, sans assurance comme sans embarras, la foule qui s’écarta avec respect devant elle en lui livrant passage ; et elle alla s’agenouiller et prier au-dessous de la niche où serpentait la branche d’églantier.

Quelques instants après, on vit son front s’illuminer et devenir rayonnant. Le sang pourtant ne se portait point au visage ; au contraire elle palissait légèrement, comme si la nature fléchissait quelque peu en présence de l’Apparition qui se manifestait devant elle. La bouche entr’ouverte était béante d’admiration, et paraissait aspirer le Ciel. Les yeux, fixes et bienheureux, contemplaient une beauté invisible, qu’aucun autre regard n’apercevait, mais que tous sentaient présente, que tous, pour ainsi dire, voyaient par réverbération sur le visage de l’enfant.

Tous ceux qui ont vu Bernadette en extase, parlent de ce spectacle comme d’une chose qui est tout à fait sans analogue sur la terre.

Chose remarquable ! quoique son attention fut entièrement absorbée par la contemplation de la Vierge pleine de grâces, elle avait en partie conscience de ce qui se passait autour d’elle. A un certain moment son cierge s’éteignit ; elle étendit la main pour que la personne la plus proche le rallumât. Quelqu’un ayant voulu, avec un bâton, toucher l’églantier, elle fit vivement signe de la laisser, et son visage exprima la crainte.—J’avais peur, dit-elle ensuite naïvement, qu’on ne touchât la «Dame » et qu’on ne lui fit du mal.

La science médicale à Lourdes au tout début des apparitionsLourdes pr page recit apparition9

Un des observateurs dont nous avons cité le nom, M. le docteur Dozous, était à côté d’elle.

« Ce n’est là, pensait-il, ni la catalepsie avec sa roideur, ni l’extase inconsciente des hallucinés ; c’est un fait extraordinaire, d’un ordre tout à fait inconnu à la Médecine. »

Il prit le bras de l’enfant et lui tâta le pouls. Elle parut n’y pas faire attention. Le pouls, parfaitement calme, était régulier comme dans l’état ordinaire. — Il n’y a donc aucune excitation maladive, se dit le savant docteur, de plus en plus bouleversé.

En ce moment, la Voyante fit, sur ses genoux, quelques pas en avant dans la Grotte. L’Apparition s’était déplacée, et c’était maintenant par l’ouverture intérieure que Bernadette pouvait l’apercevoir ; Le regard de la sainte Vierge parut en un instant parcourir toute la terre ; et elle le reporta, tout imprégné de douleur, vers Bernadette agenouillée.

— Qu’avez-vous ? que faut-il faire ? murmura l’enfant.

—Prier pour les pécheurs, répondit la Mère du genre humain.

En voyant ainsi la douleur voiler, comme un nuage, l’éternelle sérénité de la Vierge bienheureuse, le cœur de la pauvre bergère ressentit tout à coup une cruelle souffrance. Une indicible tristesse se répandit sur ses traits. De ses yeux, toujours tout grands ouverts et fixés sur l’Apparition, deux larmes roulèrent sur ses joues et s’y arrêtèrent, sans tomber.

Un rayon de joie revint enfin éclairer son visage : car la Vierge avait sans doute tourné elle-même son regard vers l’espérance et contemplé, dans le Cœur du Père, la source intarissable de la miséricorde infinie descendant sur le monde, au nom de Jésus et par les mains de l’Eglise. Ce fut en cet instant que l’Apparition s’évanouit. La Reine du Ciel venait de rentrer dans son Royaume. L’auréole, comme de coutume, demeura encore quelques secondes, puis s’effaça insensiblement, pareille à une brume lumineuse qui se fond et disparaît dans l’air.


Lourdes, le mardi 23 février 1858, cinquième apparition.Lourdes pr page recit apparition10

Le lundi 22 février, Bernadette souffrit extrêmement de ne pas voir “la Dame”. En effet, ses parents lui ayant interdit de se rendre à la grotte pour obéir aux autorités civiles, Bernadette était tiraillée entre la volonté de ses parents et celle de la Vierge admirable. Pour que l’enfant puisse être fidèle à ces deux volontés opposées, la main divine poussa Bernadette vers la grotte par une force surhumaine mais lorsque l’enfant fut sur les lieux, tenant sa promesse faite à Notre-Dame, Celle-ci ne se montra point cependant afin de respecter l’ordre établis sur terre.

Le lendemain matin, mardi 23 février, la foule se trouvait devant la Grotte avant le lever du soleil. Bernadette arriva avec cette calme simplicité que n’altéraient ni l’hostilité menaçante des uns, ni la vénération enthousiaste des autres. La tristesse et les angoisses de la veille avaient laissé quelques traces sur son visage. Elle craignit encore de ne plus revoir l’Apparition, et quelle que fût son espérance, elle n’osait s’y abandonner.

Elle s’agenouilla humblement, appuyant l’une de ses mains sur un cierge bénit qu’elle avait apporté ou qu’on lui donna, tenant de l’autre le chapelet. Le temps était calme et la flamme du cierge montait bien droite vers le ciel comme la prière de Bernadette ! A peine l’enfant se fut-elle prosternée que l’ineffable Beauté dont elle invoquait si ardemment le retour se manifesta à ses yeux et la ravit hors d’elle-même.

L’auguste Souveraine du Paradis arrêta sur l’enfant un regard plein d’une inexprimable tendresse, paraissant l’aimer encore davantage depuis qu’elle avait souffert. Elle semblait vouloir rendre tout à fait intimes et familiers les liens qui l’unissaient à cette petite fille inconnue et ignorante, à cette humble gardienne de brebis. Elle l’appela par son nom, de cette voix harmonieuse dont le charme profond ravit l’oreille des anges.

— Bernadette ! disait la divine Mère.

— Me voici, répondit l’enfant.

— J’ai à vous dire pour vous seule et concernant vous seule une chose secrète. Me promettez-vous de ne jamais la répéter à personne en ce monde?

— Je vous le promets, dit Bernadette.

Le dialogue continua et entra dans un mystère profond qu’il ne nous est ni possible ni permis de souiller.

Le désir de Marie ImmaculéeLourdes pr page recit apparition11

Quoi qu’il en soit, quand cette sorte d’intimité fut établie, la Reine du Royaume éternel regarda cette petite enfant, qui la veille encore avait souffert et qui devait encore souffrir pour l’amour d’Elle, et il lui plut de la choisir comme l’ambassadrice de ses volontés parmi les hommes.

— Et maintenant, ma fille, dit-elle à Bernadette, allez, allez dire aux prêtres que Je veux qu’on m’élève ici une chapelle. »

 Et en prononçant ces mots, sa physionomie, son regard et son geste semblaient promettre qu’Elle y répandrait des grâces sans nombre. Après ces paroles. Elle disparut ; et le visage de Bernadette rentra dans l’ombre, comme, le soir, y rentre la terre, quand le soleil s’est effacé peu à peu dans les profondeurs de l’horizon.

Les apparitions suivantes seront racontées dans un autre article. Merci de patienter.


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