Nous ne pouvons pas oublier que le combat que nous avons à mener contre le démon dure depuis le jardin d’Éden, et ne finira qu’au jugement dernier.

Le 26 décembre 1957, sœur Lucie, voyante de Fatima, confiait au Père Fuentes : « La très sainte Vierge ne m’a pas dit que nous sommes dans les derniers temps du monde, mais Elle me l’a fait voir […] : Elle m’a dit que le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge, et une bataille décisive est une bataille finale où l’on saura de quel côté est la victoire ». C’est aussi le sens du message de Notre-Dame à La Salette : « Voici le temps des temps, la fin des fins ». Et la Sainte Vierge de décrire la crise manifestant cette bataille finale du démon.

Mais l’Immaculée ne s’est pas bornée à diagnostiquer le mal, Elle en a encore donné le remède : « J’adresse un pressant appel à la terre : […] j’appelle les apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d’eux-mêmes, dans la pauvreté et l’humilité ». Le salut du monde viendra par ceux qui auront ainsi imité les vertus du Sauveur, et qui seront les enfants de Marie : « J’appelle mes enfants, mes dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que Je les conduise à mon Divin Fils, […] ceux qui ont vécu de mon esprit » (Secret de La Salette).

Nul doute que saint Maximilien Kolbe ait été l’un d’entre eux, et parmi les plus fervents. Mais si cet appel de la Mère de Dieu s’adresse à tous, combien plus concerne-t-il les Chevaliers de l’Immaculée, héritiers de l’esprit de leur saint fondateur. Aussi passerons-nous en revue, les vertus que notre céleste Mère attend de ses apôtres.

Commençons par la foi, base de toute vie chrétienne. En décrivant les derniers temps à Mélanie, Notre-Dame reprend trois fois son récit, chaque fois sous un angle différent ; le premier considère la crise comme étant le résultat d’une perte de la foi. « Plusieurs abandonneront la foi […]. En l’année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu […]. L’Église aura une crise affreuse ». Et dans la troisième partie : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist. »

Ce texte, au-dessous, est une conférence donnée par saint Maximilien le 9 février 1941, c’est-à-dire huit jours avant son arrestation par la Gestapo. Nous avons omis un paragraphe qui avait moins de rapport avec le sujet.

« En lisant le récit des apparitions de Lourdes, il peut nous venir à l’esprit cette réflexion ; si la Mère de Dieu m’était ainsi apparue, comme je serais heureux ! Nous y lisons que la Mère très sainte a dit beaucoup de choses à Bernadette, et que peu d’entre elles ont été révélées à tous. Combien ces paroles adressées à la sainte devaient être belles ! Nous lisons aussi que l’Immaculée lui a promis de la rendre heureuse après la mort. Et ce serait pour nous le sommet du bonheur, si nous savions que l’Immaculée est contente de nous.

À Niepokalanów, nous nous consacrons totalement à Elle, et il est certain qu’Elle en est contente. Les miracles n’arrivent pas souvent, et voici déjà presque cent ans que les apparitions de Lourdes ont eu lieu. Sur cette terre nous devons vivre de la foi. Si ici-bas nous voyions et nous entendions, la foi ne serait pas nécessaire. Mais s’il n’y avait pas la foi, il n’y aurait pas non plus de mérite. Le Seigneur Jésus dit à saint Thomas : “Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru” (Jn XX, 29). Dans la vie de sainte Thérèse, il n’y a rien eu d’extraordinaire. Il est vrai, cependant, que lorsqu’elle était petite, elle fut miraculeusement guérie. On pourrait se dire : « Moi aussi j’aimerais éprouver quelque chose de semblable ». Ces choses-là, il nous faut les abandonner à la Mère de Dieu. Thérèse n’a rien refusé au Seigneur Jésus depuis l’âge de trois ans. Pour peu que nous fassions un retour sur nous-mêmes, nous verrions une grande différence entre sainte Thérèse et nous.

Les visions et les apparitions ne sont pas toujours sûres. L’Église ne les considère qu’avec une extrême prudence. En ce monde, le meilleur fondement de l’action est la foi. Nous avons la hiérarchie ecclésiastique et religieuse. Dans la mesure où ses représentants sont en union avec le Saint-Père, nous sommes dans le droit chemin.

Est-ce-que nous pouvons apprendre quelque chose de plus que par la lecture sur l’Immaculée. Oui, par la prière. Celui qui s’appuierait uniquement sur la lecture et l’étude des choses de Dieu, celui-là ne les connaîtrait pas, car ce n’est qu’une aide, une charpente. C’est la grâce de Dieu qui agit. Pour cela, il faut prier et faire pénitence, sinon nous n’avancerons pas dans la connaissance de la Mère très sainte. Si nous voulons entendre d’Elle beaucoup de mystères, nous devons poser le fondement de la foi ».

C’est dans un contexte dramatique de guerre que ces paroles furent prononcées, alors que les Allemands menaçaient à tout moment de déporter les religieux. Combien ces leçons sont pour nous, engagés que nous sommes dans un si gigantesque combat. Le monde moderne surexcite notre émotivité et égare notre imagination par les découvertes de la technologie ; c’est par la puissance de séduction des images (cf. Apoc. XIII, 15) que Satan entraîne l’homme dans un monde virtuel, qui distrait son âme immortelle de la contemplation des vérités éternelles nécessaires à son salut. Ainsi, l’humanité apostate part à la dérive, courant vers les châtiments prédits par Notre-Dame. Accrochons-nous donc au roc de la foi, puisque, comme le dit l’Immaculée à Mélanie : « La foi seule vivra ». Prenons le temps de la nourrir par le catéchisme, de même que nous n’hésitons pas à sacrifier quotidiennement pour sustenter notre corps un temps si précieux. Mais, comme vient de le rappeler saint Maximilien, cela ne suffit pas : la foi s’approfondit par la prière, tout comme elle en est la base. Repassons en notre cœur les mystères du Rosaire, que l’on a à juste titre appelé « le rempart de la foi ».