Table des matières
- Notre-Dame du Saint Cordon contre la peste en 1008 – Valenciennes, France
- Notre-Dame des ardents en 1105 – Arras, France
1. Notre-Dame du Saint Cordon contre la peste en 1008 – Valenciennes, France
Valenciennes, en 1008 était frappée d’une peste qui faisait de nombreuses victimes. 8000 morts en quelques jours dit-on. Un ermite nommé Bertelain, du village de Pont près de Fontenelle, invoqua la Vierge. Celle-ci lui apparut et annonça qu’elle ferait un grand miracle visible de tous le 7 septembre veille de la fête de sa Nativité, en lui disant :
« Va trouver mon peuple de Valenciennes. Annonce-lui que j’ai désarmé le bras de mon Fils. La nuit qui précédera la fête de la Nativité, mon peuple saura que j’ai entendu ses cris de détresse. Que mes serviteurs se rendent alors sur les remparts de la ville, ils y verront des merveilles. »
Le pieux ermite se hâta de remplir sa mission. Il invita Herman, Comte du Hainaut et Magistrat, ainsi que la population, à se disposer à recevoir une telle grâce par une prière sincère et une vraie conversion. A l’appel de Bertelain, malades et valides se préparèrent, par la prière et le jeûne, au rendez-vous du 7 septembre.
Réunis sur les murailles, les quinze mille villageois virent tout à coup les ténèbres se dissiper, la nuit se changer en jour radieux, tandis qu’apparaissait à leurs regards émus une Reine majestueuse, ravissante de beauté, entourée d’un nombreux cortège d’anges, semblant venir de la chaumière de l’ermite et stationnant au-dessus de la chapelle du Neuf bourg, dédiée à la mère de Dieu par l’empereur Charlemagne. Elle tenait en main une pelote de cordon écarlate.
Au signal de leur glorieuse Souveraine, un ange, le plus brillant de tous, saisit respectueusement le bout du « céleste filet ». D’un vol rapide, il entoura la ville en sa banlieue, laissant tomber derrière lui le précieux Cordon. Le circuit terminé, la vision s’évanouit ; à l’instant même, la contagion cessa et ceux qui étaient atteints furent guéris.
Le 8 septembre, à la pointe du jour, Bertholin revint à Valenciennes, porteur d’un nouveau message de la Vierge Marie. Guidé par le pieux ermite, le clergé releva avec respect le « Saint Cordon de Notre-Dame » et Bertholin fit connaître au « peuple de Valenciennes » les volontés de sa Divine Libératrice : un amour fervent pour son fils Jésus, la haine du péché qui est la cause de tous les malheurs et la reconnaissance pour le bienfait reçu. A cet effet, ils devront, chaque année le 8 septembre, suivre en procession le tracé du Saint-Cordon.
Au nom de la population de Valenciennes, le Magistrat s’engagea par vœu à satisfaire au désir de Marie, Reine de la Cité. Depuis mille ans, les Valenciennois ne manquèrent pas à cet engagement sacré ; ils entourèrent toujours d’une grande solennité cette procession, et même dans les circonstances les plus critiques, restèrent fidèles au vœu de leurs ancêtres. Aujourd’hui encore, la procession a lieu suivie par une population nombreuse.
Que devint le Saint-Cordon ?
Relevé, roulé et scellé dans un reliquaire, le « céleste Cordon tissé de la main des Anges » fut déposé dans l’oratoire dédié à la Vierge Marie au Neuf Bourg. Quand cette chapelle fit place à la somptueuse église « Notre Dame la Grande », la châsse fut mise sous un dais, au-dessus du maître-autel. Hélas, le Saint-Cordon tombé du ciel fut, plus tard, détruit sous la Révolution.
2. Notre-Dame des ardents en 1105 – Arras en France
En 1105, à Arras le mal des ardents, qui avait déjà touché une partie de l’Europe, envahit l’Artois. Le mal des ardents, appelé aussi à l’époque « feu de l’enfer », était une des maladies infectieuses qui ravagèrent l’Occident au Moyen-Âge. Ceux qui en étaient atteints, avaient la sensation de brûler et voyaient leurs membres atteints, noircir et se décomposer. L’évêque d’Arras, Lambert, voyant sa ville décimée par la terrible maladie, invoqua la protection de la Vierge. Il fut exaucé.
Dans la nuit du 24 au 25 mai 1105, la Sainte Vierge apparut successivement à deux ménestrels, Itier et Pierre Norman. Ils vivaient loin de Valenciennes, le premier en Brabant et le second au château de Saint-Pol en Ternois, et ils se haïssaient parce que Norman avait tué le frère d’Itier. La Vierge apparut à Itier et lui délivra un message que la chronique rédigée moins de 20 ans plus tard rapporte ainsi :
« Tu dors, tu dors ? Écoute ce que j’ai à te dire : Lève-toi et pars pour la sainte Sion d’Arras, lieu sacré où tant de malades, au nombre de 144, endurent de mortelles souffrances. Je te ferai savoir en arrivant le lieu et le temps convenable pour que tu puisses parler au prêtre Lambert qui gouverne cette église et lui raconter cette vision. Tu lui recommanderas de veiller, lui le troisième, pendant la nuit de samedi à dimanche, et de visiter les malades qui se trouvent dans l’église.
Au premier chant du coq, une femme, vêtue comme je le suis maintenant, descendra du haut de l’église, tenant en main un cierge qu’elle vous remettra. Après l’avoir reçu et allumé, vous en ferez dégoutter la cire dans des vases pleins d’eau que vous donnerez à boire aux malades et que vous répandrez sur leurs plaies ; et ne doutez point que ceux qui recevront ce remède avec foi seront rendus à la santé ; ceux qui, au contraire, ne croiront pas, mourront de leur maladie.
Vous vous associerez Norman celui-là même à qui tu portes une haine mortelle, et qui se trouvera en ta présence samedi prochain ; et lorsque vous vous serez réconciliés ensemble, vous l’admettrez comme 3e compagnon. »
Norman reçut un message similaire dans la même nuit. Pour les deux hommes l’apparition se renouvela la nuit suivante. Ils se rendirent à Arras et rencontrèrent séparément l’évêque. Celui-ci parvint à les réconcilier. Pour se préparer à l’événement annoncé pour le samedi, l’évêque les fit jeûner au pain et à l’eau, et tous trois passèrent la nuit en prière dans la cathédrale. Le samedi 27 mai vers 3h du matin, dans la voûte de la cathédrale, ils virent descendre la Vierge resplendissante de lumière, tenant en ses mains un cierge allumé. Selon la chronique la Vierge dit alors aux ménestrels :
« Approchez ! voici un cierge qui sera désormais le gage spécial de ma miséricorde et que je vous confie. Toute personne atteinte du mal qui s’appelle feu infernal n’aura qu’à faire distiller des gouttes de ce cierge dans l’eau : elle en arrosera ses plaies qui seront immédiatement guéries. Celui qui croira sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera frappé de mort. »
Puis la Vierge disparut dans les airs. Aussitôt ce que la Vierge avait demandé fut exécuté et les 144 malades furent guéris, sauf un qui ne croyait pas en l’efficacité de la promesse.
En 1106, une confrérie appelée « Charité de Notre-Dame des ardents » fût instituée pour garder la dévotion au Saint-Cierge et témoigner ainsi de la reconnaissance et de la gratitude que nous lui devons. Remarquons ici, le rôle central de l’évêque Lambert : il reçoit le récit des apparitions, réconcilie les voyants et est présent quand le Saint Cierge leur est remis.