Le miracle de la source
Dès le matin du lundi 21 septembre 1846, plusieurs habitants de la Salette se rendent dans le ravin creusé par la Sézia, et à côté de la source appelée dans le pays la petite Fontaine. Quel n’est pas leur étonnement, quand ils voient une eau limpide jaillir avec assez d’abondance, là même où la Belle Dame s’était assise ! Jusqu’alors, cette fontaine n’avait coulé qu’à des intervalles irréguliers , après de grandes pluies ou à la fonte des neiges. Le 19 septembre, à midi, les deux enfants, la trouvant tarie, avaient dû étancher leur soif à la Fontaine des Hommes. Coulait-elle le soir du même jour, après la merveilleuse vision? C’est ce que Maximin et Mélanie ne songèrent point à remarquer.
Le lendemain 20 septembre, personne n’alla visiter les lieux de !’Apparition. Mais depuis le lundi 21, cette source a résisté aux plus longues sécheresses, et n’a cessé de répandre ses eaux nées des larmes de Marie, et touchant emblème des grâces qui découlent du Cœur de cette tendre Mère. C’est là que, depuis lors, viennent puiser avec avidité des milliers de pèlerins ; et les gouttes de cette eau, répandues par la piété à travers le monde, ont opéré des prodiges. Aussi la petite fontaine a-t-elle changé son nom en celui de Fontaine miraculeuse.
Depuis l’époque de l’Apparition, la fontaine n’a plus jamais tari. Son eau claire a servi, comme celle de Lourdes, à obtenir de nombreux miracles, sur place et au loin où l’on continue à l’employer.
La croix de Maximin convertit son père
Le père de Maximin ne pratiquait plus sa religion. C’était moins par impiété que par cette maudite et illogique indifférence qui en ce temps-là, comme aujourd’hui, damne tant d’âmes.
Un soir, dans l’intimité du foyer, il se fait de nouveau raconter l’Apparition, mais avant même que son fils n’ait fini, impatienté, il ne veut plus rien entendre.
— Mais, papa, la Belle Dame a aussi parlé de vous !
— Comment, de moi ? et que t’a-t-elle dit?
Maximin lui rapporta le passage du discours où la Sainte Vierge insista qu’il avait bien vu du blé gâté à la terre du Coin, et que son père lui avait donné un morceau de pain en disant: « Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui en mangera l’année prochaine, si le blé continue à se gâter de la sorte. »
Le père de Maximin s’en souvient très bien et sait que personne autre que l’enfant n’en a été témoin. Cela l’impressionne fortement.
Le lendemain, il permet à Maximin d’accompagner sur la Montagne sa belle-mère et une cousine qui souffre des yeux. Au retour, les pèlerins, tout enthousiasmés, racontent comment, après s’être lavé les yeux à la Petite Fontaine, la cousine éprouva un grand soulagement à ses souffrances.
Monsieur Giraud croit à l’Apparition. Il gravit à son tour la Sainte Montagne et par l’usage de l’eau miraculeuse, obtient la guérison de l’asthme dont il souffre depuis plusieurs années.
En témoignage de reconnaissance, il construit la croix que Maximin depuis l’Apparition veut ériger sur la Montagne et bientôt il se convertit sincèrement. Maximin, aidé de deux compagnons, porta lui-même la croix sur la Sainte Montagne et la planta sur les lieux de l’Apparition le 22 octobre, 1846.
Les pèlerinages en réparation pour les péchés
Jusqu’au mois de décembre les pèlerins font en grand nombre l’ascension de la Montagne. Hommes, femmes, vieillards, enfants, infirmes, malades, tous bravent la mauvaise saison et viennent de très loin pour voir les lieux de l’Apparition et entendre les petits bergers. Sur les hauteurs, ils boivent l’eau glacée de la Petite Fontaine, prient et pleurent . . . puis retournent tout heureux à leurs foyers. La paroisse de Corps, qui commence déjà à prendre quelques pratiques religieuses, a l’honneur d’inaugurer les grands pèlerinages.
Le 17 novembre 1846, les membres de la Confrérie des Pénitents, accompagnés de beaucoup d’autres personnes, sans la participation du clergé que l’ordonnance épiscopale oblige à une absolue réserve, se dirigent vers la montagne de La Salette. Après plusieurs heures de marche très pénible, le pèlerinage atteint enfin le sommet. Sur ce sol vénéré, la foule agenouillée prie longuement. Elles sont là environ 600 personnes qui s’efforcent de sécher, par leur amour et leur piété, les larmes dont leur céleste Mère a paru inondée, sur ces rochers solitaires.
La Sainte Vierge répond à cette magnifique démonstration en son honneur en guérissant une paralytique de Corps, Marie Gaillard, infirme depuis 22 ans.
Pour remercier la Sainte Vierge un autre pèlerinage est organisé pour le 28 du même mois.
Plus de 1,500 personnes avec Maximin et Mélanie à leur tête, gravissent la Sainte Montagne. Le temps est affreux et la neige tombe en abondance. Tant de foi touche le Cœur de Marie.
Une femme hydropique que son mari et son fils ont eu l’héroïque dévouement de porter à bras jusqu’aux lieux de l’Apparition, pousse soudainement un cri au bord de la Fontaine, où, agenouillée dans la neige, elle implorait avec foi et confiance la délivrance de son infirmité; c’était une exclamation de joie: elle venait de se sentir guérie !
Pour témoigner sa reconnaissance à sa Céleste Bienfaitrice, elle ôte sur-le-champ la croix d’or qu’elle porte au cou, et la suspend à la croix de bois que Maximin avait planté sur la Montagne. Ce fut le premier ex-voto qui ait été offert à Notre-Dame de La Salette. Pour le peuple chrétien était né un nouveau sanctuaire à l’honneur de la Sainte Vierge: La Salette!
Avant même le premier anniversaire de l’apparition, on comptait déjà de nombreuses conversions et guérisons par les neuvaines de prières et l’eau de la fontaine miraculeuse, ainsi que plus de 50’000 – certains disent 100’000 – pèlerins, parmi lesquels des évêques, des prêtres, des personnes de condition honorable, avocats, médecins, professeurs, etc
Un nombre sans cesse croissant de guérison et de conversion
Trois ans seulement après l’Apparition, M. l’abbé J.-M. Perrin, frère et vicaire du curé de La Salette, disait pouvoir prouver, documents en main, que plus de 500 guérisons avaient été obtenues par l’intercession de Notre-Dame de La Salette.
- M. l’abbé Rousselot, dans ses rapports sur l’Apparition, mentionne plus de 50 miracles.
- Le Père Berthier, M. S., dans son livre “Les Merveilles de N.-D. de La Salette” en décrit environ 40.
- Le Père Bossan, M. S., archiviste du Sanctuaire de La Salette pendant quelque temps, porte le nombre de miracles obtenues à plusieurs milliers.
- Mgr Giray, Evêque de Cahors, a publié dans “Les Miracles de La Salette,” en deux volumes, une savante étude sur un grand nombre de miracles.
Ces miracles furent obtenus, souvent très loin de la Sainte Montagne, quelquefois par l’usage pieux et confiant de l’eau de la “fontaine miraculeuse,” mais toujours en vertu des prières adressées à la Sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame de La Salette.