Les sociétés temporelles au regard de l’Eglise

Les sociétés temporelles au regard de l’Eglise

Droits et devoirs mutuels de l’homme et de la société

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Mémorial des massacres (et noyades) à Budapest par les Croix Fléchées en 1944.
Photo de Nikodem Nijaki.

  1. La société est un moyen naturel, dont l’homme peut et doit se servir pour atteindre sa fin, car la société est faite pour l’homme et non l’homme pour la société.
  2. La société est subordonnée au bien de tous les hommes, mais la collaboration mutuelle rend possible de réaliser la vraie félicité sur terre : c’est dans la société que se développent toutes les aptitudes individuelles et sociales données à l’homme par la nature, aptitudes qui, dépassant l’intérêt immédiat du moment, reflètent dans la société la perfection de Dieu, ce qui est impossible, si l’homme reste isolé.
  3. Ce dernier but de la société est lui-même, ordonné à l’homme, afin que, reconnaissant ce reflet des perfections divines, par la louange et l’adoration, il le fasse remonter à son Créateur. Seul l’homme, seule la personne humaine, et non la collectivité en soi, est doué de raison et de volonté moralement libre.
  4. Instauration d’un ordre économique inspiré par la justice sociale et les sentiments de charité chrétienne.
  5. Saine prospérité basée sur les vrais principes d’un corporatisme sain qui respecte la hiérarchie sociale nécessaire.
  6. Organisation dans une harmonieuse unité, en s’inspirant du bien commun de la société.
  7. La mission du pouvoir civil est de promouvoir cette harmonie et la coordination de toutes les forces sociales.
  8. La doctrine catholique revendique pour l’Etat la dignité et l’autorité d’un vigilant et prévoyant défenseur des droits divins et humains, dont les Saintes Ecritures et les Pères de l’Eglise parlent si souvent.

La Doctrine de l’Eglise Catholique

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  • NATURE DE LA SOCIÉTÉ
  1. L’Etre unique, suprême, souverain, c’est-à-dire Dieu, Créateur tout-puissant de toutes choses, Juge infiniment sage et juste de tous les hommes.
  2. L’homme a une âme spirituelle et immortelle. Dieu l’a doté de prérogatives nombreuses et variées : le droit à la vie, à l’intégrité du corps, aux moyens nécessaires à l’existence ; le droit de tendre à sa fin dernière dans la voie tracée par Dieu ; le droit d’association, de propriété, et le droit d’user de cette propriété.
  3. Le mariage et le droit à son usage naturel sont d’origine divine, ainsi la constitution et les prérogatives fondamentales de la famille ont été déterminées et fixées par le Créateur lui-même, et non par les volontés humaines ni par les faits économiques.
  • POSITION DE L’ÉGLISE
  1. Cette doctrine se tient à égale distance des erreurs extrêmes comme des exagérations des partis ou des systèmes qui s’y rattachent :
  2. Elle garde toujours l’équilibre de la justice et de la vérité ;
  3. Elle proclame la juste mesure dans la théorie et en assure la réalisation progressive dans la pratique, s’efforçant de concilier les droits et les devoirs de tous, l’autorité avec la liberté, la dignité de l’individu avec celle de l’Etat, la personnalité humaine du subordonné avec l’origine divine du pouvoir ; la juste soumission, l’amour ordonné de soi-même, de sa famille et de sa propre patrie avec l’amour des autres familles et des autres peuples, sentiment fondé sur l’amour de Dieu, père, premier principe et fin dernière de tous les hommes.
  4. Elle ne sépare pas le souci modéré des biens temporels de la sollicitude pour les biens éternels :  « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît. »
  5. Elle ne se désintéresse pas des choses humaines ou n’entrave pas le progrès et les avantages matériels : au contraire, elle les aide et les favorise de la manière la plus raisonnable et la plus efficace.
  6. l’Eglise n’a jamais, sur le terrain économique et social, présenté de système technique déterminé, ce qui d’ailleurs ne lui appartient pas, mais elle a pourtant clairement indiqué, sur certains points, des directives qui, tout en s’adaptant dans le concret à des applications diverses selon les différentes conditions de temps, de lieux et de peuples, montrent la bonne voie pour assurer l’heureux progrès de la société.

Avec raison, des hommes d’Etat éminents ont pu affirmer qu’après avoir étudié les divers systèmes sociaux, ils n’avaient rien trouvé de plus sage que les principes exposés dans les Encycliques Rerum novarum et Quadragesimo anno.

Jusque dans les pays non catholiques, et même non chrétiens, on reconnaît la grande valeur sociale des doctrines de l’Eglise. C’est ainsi qu’un homme politique éminent, non chrétien, de l’Extrême-Orient, n’hésitait pas à proclamer, que l’Eglise avec sa doctrine de paix et de fraternité chrétienne apporte une très précieuse contribution à l’établissement et au maintien si laborieux de la paix entre les nations. Les communistes eux-mêmes, s’ils ne sont pas totalement corrompus, lorsqu’on leur expose la doctrine sociale de l’Eglise, en reconnaissent la supériorité sur les doctrines de leurs chefs et de leurs maîtres. Ceux que la passion aveugle et à qui la haine ferme les yeux devant la lumière de la vérité, ceux-là seuls la combattent obstinément.

FRUITS DE LA DOCTRINE DE L’EGLISE

  1. L’Eglise est la première à proclamer la vraie et universelle fraternité de tous les hommes, à quelque race ou condition qu’ils appartiennent ;
  2. Elle contribua puissamment à l’abolition de l’esclavage, non par des révoltes sanguinaires, mais par la force intérieure de sa doctrine.
  3. C’est le Christianisme qui adore le Fils de Dieu fait homme par amour des hommes et devenu  « Fils du Charpentier »,  « Charpentier » lui-même ;
  4. C’est le Christianisme qui consacra la vraie dignité du travail manuel, tâche autrefois méprisée ;
  5. L’Eglise a régénéré l’humanité. Sous son influence, ont surgi d’admirables oeuvres de charité, des corporations puissantes d’artisans et de travailleurs de toutes catégories ;
  6. Elle a revendiqué pour l’ouvrier le droit d’association, que le libéralisme régnant dans les plus puissants Etats s’acharne à lui refuser ;
  7. On peut dire en toute vérité que l’Eglise, à l’imitation du Christ, a passé à travers les siècles en faisant du bien à tous.

PRIÈRE ET PÉNITENCE

Mais « si le Seigneur ne garde la cité, c’est en vain que veille son gardien ». Aussi, comme dernier et très puissant remède, le double esprit de prière et de pénitence chrétienne. Car « de pareils démons ne se chassent que par la prière et par le jeûne. »

Le mal qui aujourd’hui ravage l’humanité ne pourra de même être vaincu que par une sainte et universelle croisade de prière et de pénitence.

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