Le texte de la consécration à l’Immaculée du Père Kolbe souligne le fait que les mains de Marie sont des « mains immaculées et miséricordieuses ». La piété catholique a cherché différentes formules pour exprimer de manière imagée la médiation universelle de toutes grâces de Marie.
Puisque le travailleur utilise traditionnellement ses mains, à la main se rattache l’action de travailler. Or, Marie, par la volonté de Dieu, travaille à la distribution des grâces. Elle est la grande Ouvrière de Dieu dans l’ordre du Salut.
La grâce étant sanans (elle soigne l’âme du péché et de ses conséquences) et elevans (elle surélève l’âme, c’est-à-dire qu’elle lui donne accès au monde surnaturel), on peut dire que Marie, par sa médiation universelle de toutes grâces, travaille à soigner les âmes, en les délivrant du péché et en pansant les plaies qu’il a faites en elles, et pourvoit à leur sanctification. C’est en ce sens que l’on peut dire, de manière imagée, que ses mains sont « miséricordieuses » (cf. Chevalier n° 12).
Mais, pour être « miséricordieuses », les mains de Marie devaient être « immaculées ». C’est pourquoi Dieu a accordé à sa sainte Mère, le privilège unique d’être l’Immaculée (cf. Chevalier n° 7). Elle est Celle que le péché n’a jamais atteinte.
Nemo dat quod non habet, dit l’adage. C’est-à-dire : « Personne ne peut donner ce qu’il n’a pas ». Comment la Vierge pourrait-Elle communiquer la pureté si Elle ne la possédait pas ? Elle la possède dans son être par son Immaculée Conception ; Elle la possède dans son agir, par grâce, puisqu’Elle est dépositaire de toutes les grâces, sans lesquelles il n’y a pas de pureté, pour les dispenser aux âmes.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dans son Traité de la vraie dévotion, nous dit que les mains de Marie sont « très pures et fécondes », que « ces mêmes mains n’ont jamais été stériles ni oiseuses », et qu’elles « purifient tout ce qu’elles touchent » (n° 146). Se mettre dans les mains de Marie, dès lors, c’est se mettre en contact avec la « Toute pure ». C’est donc se laisser purifier par Elle et servir d’instruments pour rayonner sa pureté.
Tout Chevalier de l’Immaculée doit donc se mettre dans ses mains ou entre ses mains pour servir d’instruments (cf. Chevalier n° 19). L’instrument fait ce qui est en son pouvoir, même s’il ne peut pas grand-chose, et celui qui l’utilise fait ce qu’il peut. Quand c’est Dieu qui l’utilise, Il peut tout, même si l’instrument est défectueux ; quand c’est Marie qui l’utilise, Elle peut tout aussi, d’une certaine manière (quodammodo, dirait saint Thomas d’Aquin), car la grâce est toute puissante. Plaçons-nous et vivons entre ses mains immaculées et miséricordieuses.
Abbé Guy Castelain+