L’idéal de lutteur

L’idéal de lutteur

Aujourd’hui, nous vous présentons l’extrait du livre du Père di Monda, « Avec l’Immaculée et le Père Maximilien Kolbe contre les ennemis de Dieu et de l’Église » (aux publications du Courrier de Rome). Son mérite est de traiter à fond l’aspect qui a été le plus occulté depuis le dernier Concile, à savoir son âme de combattant. L’auteur a l’art de susciter l’enthousiasme pour le sujet qu’il expose. Aussi lui laissons-nous la parole pour présenter son livre.

« Avant tout, quelle est la différence entre devoir et idéal ou mission ?

Le devoir semble faire toujours référence à quelque chose d’imposé, ne serait-ce que d’après la réalité même des choses. Il dicte le minimum indispensable de ce qu’on doit faire, sans quoi l’essentiel même est mis en danger, dans sa consistance, dans son ordre et sa beauté. C’est pourquoi le devoir est toujours quelque chose de pénible, outre le fait qu’il est quelque chose de fini et limité. Et donc, même dans la mulitiplicité de ses formes et des expressions, il admet des limites et des degrés. C’est la raison pour laquelle, en tant que tel, il n’aura jamais les élans et les splendeurs de l’idéal qui entraîne. Ainsi, le devoir de lutter, pour un pasteur de l’Église, est certainement immensément plus grand que celui du simple fidèle.

Et pourtant, s’il est si grand en lui-même pour n’importe quel pasteur, même subalterne, comme il est éloigné du devoir rendu idéal, par exemple, du saint Curé d’Ars ! En se référant à la loi, le devoir est nécessairement mesuré ; l’idéal, en revanche, se réfère à l’amour, lequel, ayant comme mesure celle de n’en avoir aucune, touche facilement à l’héroïsme.

L’idéal se différencie, ensuite, du devoir, parce qu’il est profondément aimé, donc voulu et poursuivi de son propre choix, même s’il n’en est pas toujours ainsi depuis le début. En impliquant toujours un rapport d’amour, l’idéal est forcément au-dessus ou en dehors de la loi, sans pourtant jamais s’opposer à elle. Il est donc poursuivi avec d’autant plus d’ardeur et de générosité, que l’amour qui l’inspire et l’alimente est plus grand.

Pour qu’un devoir se transforme en idéal de vie et que toute la vie devienne comme une mission, il faut, souvent, un charisme du Ciel et, en tout cas, des convictions et des motivations immensément plus incarnées et vécues, des idées suffisamment fortes pour être capables d’entraîner. Alors, la fatigue, les élans, les souffrances, que cet idéal ou cette mission comporte, sont considérés comme néant. “En ce que l’on aime, ou bien l’on ne se fatigue pas, ou l’on aime la fatigue elle-même.” L’idéal est d’autant plus aimé et poursuivi avec ardeur, qu’il s’accompagne de la certitude et de l’expérience de la récompense et de la félicité éternelles. Et, en effet, précisément, cet idéal, en étant ou en comportant une totale immolation de soi, réalise les paroles de l’Évangile : “Celui qui perdra sa vie à cause de Moi et de l’Évangile la sauvera.” Le Père Kolbe s’arrête toujours à cette réalité : “Imaginez combien nous serons heureux sur notre lit de mort, lorsque nous pourrons affirmer en toute sincérité : ‘Ô, Immaculée, par votre miséricorde, je Vous ai consacré ma vie, pour Vous j’ai travaillé, pour Vous j’ai souffert, et maintenant je meurs pour Vous. Je suis à Vous !’… Quelle joie sereine nous remplira le cœur dans l’espérance de La voir rapidement.” “Quel sentiment de reconnaissance comblera notre cœur lorsque, après la mort, nous La verrons, l’Immaculée qui, sans aucun mérite de notre part, a daigné nous appeler à travailler pour Elle d’une façon si sublime.”

S’agissant de la plus grande mission et du plus sublime idéal de vie, il est nécessaire de s’y engager avec le maximum de zèle.

Dans ce but, il investit tous les talents de son être et utilise tout son temps, comme l’avare qui s’attache au plus petit détail : “Ne perdons pas même une minute, dira justement le Père Kolbe, quand il s’agit de l’Immaculée.” Même quand il faudra pour cela renoncer, quelquefois, ou réduire au minimum même les plus légitimes exigences du cœur. Par exemple, pour ne pas ajourner son départ pour le Japon, ce qui aurait beaucoup nui à son travail, il renonce à aller saluer sa maman. En effet, il lui écrira après : “Je n’ai pas pu venir te trouver avant de repartir, parce que, selon toute probabilité, j’aurais alors dû différer mon départ, alors que les missions sont plus urgentes.”

Son engagement maximum le pousse à chercher à impliquer, dans la lutte pour l’idéal, le plus de personnes possibles. C’est aussi pour cela qu’il incite, par exemple, son frère, le Père Alphonse, à informer des évêques, des métropolites, des ordinaires, des suffraganis, des organes diocésains, des curés…, des progrès obtenus dans la diffusion de la presse.

L’engagement de croître dans l’amour est le principe qui propulse et alimente l’idéal. La M.I. sera l’expression la plus accomplie de lutte et de chevalerie qui découle justement de l’amour : “L’unique motif de l’existence et de l’activité de la M.I. est seulement l’amour, un amour sans limite envers le très saint Cœur de Jésus.” “De même, c’est l’amour qui doit transformer radicalement notre âme et celle des autres. C’est l’amour qui doit nous transformer, à travers l’Immaculée, en Dieu, qui doit nous brûler et, par nous, incendier le monde et détruire, consumer en lui toute forme de mal.”

Donc, vivre et lutter pour son idéal devient et doit devenir, pratiquement, une grande compétition d’amour, en cherchant toujours à dépasser tout objectif déjà atteint. Dans cette compétition, chaque vainqueur est vaincu : “Mais que tous les autres et chacun individuellement me dépassent même un miliard de fois ! Et que moi, je les dépasse un million de fois. Et qu’eux me dépassent des milliards de fois, etc., etc., dans une noble compélition ; il ne s’agit pas, en réalité, du fait que lui ou moi ou encore un autre puisse avoir fait plus pour la cause de l’Immaculée, mais que l’on ait réalisé le maximum possible, le plus vite possible. Qu’Elle prenne possession de façon parfaite de toute âme, qu’Elle vive en elle, y agisse, aime le Cœur divin, l’Amour divin, Dieu Lui-même. En un mot, il s’agit d’augmenter de façon illimitée et toujours plus intense l’amour des créatures envers le Créateur.”

Pour conclure, cette bataille idéale du Père Kolbe qui, au fond, est seulement “charité armée” se révèle pleinement conforme à la ligne tracée par le pape Léon XIII quand il attaqua la franc-maçonnerie : “En un si pressant danger, en présence d’une attaque si cruelle et si opiniâtre du christianisme, c’est de Notre devoir de signaler le péril, de dénoncer les adversaires, d’opposer toute la résistance possible à leurs projets et à leur industrie, d’abord pour empêcher la perte éternelle des âmes dont le salut Nous a été confié ; puis afin que le royaume de Jésus-Christ que Nous sommes chargés de défendre, non seulement demeure debout et dans toute son intégrité, mais fasse par toute la terre de nouveaux progrès, de nouvelles conquêtes.” »

« Accordez-moi de Vous louer, ô Vierge très sainte, donnez-moi la force contre vos ennemis ! »

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