« Mon enfant, lui dit-elle, allez dire aux habitants que s’ils ne se convertissent pas, Dieu les punira sévèrement ; non seulement les récoltes seront anéanties, mais les hommes, depuis l’enfant jusqu’au vieillard, auront à souffrir étrangement. Je ne puis plus arrêter le bras de mon divin Fils. »
On devine l’émotion de la jeune fille. Le lendemain, nouvelle apparition et nouveaux avertissements. La Sainte Vierge encourage l’enfant. Elle lui annonce qu’Elle donnera un signe et on croira à sa parole. La nuit suivante, la Sainte Vierge apparaît encore et reproche à l’enfant le retard qu’elle met à remplir sa mission.
« Allez dire au peuple de faire pénitence, d’organiser une procession où l’on portera la croix. »
Le lendemain, le gouverneur était informé, mais l’apparition ayant promis un signe, on attendit. Une semaine s’était à peine écoulée que la Sainte Vierge apparaissait de nouveau, mais cette fois à un jeune pâtre de 16 ans, Giatgen Dietegen de Marmels. La Sainte Vierge l’appela par son nom. Elle lui renouvela les avertissements, la prédiction, et Elle demanda, en outre, la construction d’un sanctuaire en cet endroit.
Au moment de disparaître, la Sainte Vierge laissa tomber sur la pierre trois gouttes de sang de ses pieds meurtris. Elle avait promis de donner encore un autre signe. Elle tint parole, en effet, la nuit suivante, toute la montagne apparut resplendissante de lumière et ce phénomène se renouvela tous les soirs durant une semaine.
Convaincu cette fois de la réalité des apparitions et de leur caractère surnaturel, le Gouverneur vint en faire rapport à l’évêque, Mgr Giovanni Bonomini. Le procès-verbal de cette déposition, faite le 6 juillet 1580, se trouve aux archives du Vatican.
La Sainte Vierge avait demandé une procession ; elle fut autorisée et on vit plus de 3000 personnes y prendre part.
A partir de ce moment, une épidémie qui faisait rage s’arrêta soudain, les prés desséchés commencèrent à reverdir, et un merveilleux changement s’opéra dans la conduite des habitants. Sans retard aussi, on se mit en devoir d’ériger le sanctuaire que la Sainte Vierge avait demandé. La pierre qui avait gardé l’empreinte des gouttes de sang servit d’autel. Les processions se multiplièrent toujours plus nombreuses, plus ferventes, malgré l’accès difficile de la chapelle située à 2450 m d’altitude.