Jeune et svelte mon Créateur me fit. Sorti de ses mains et planté avec amour, je m’élançais vers le Ciel suivant les lois de la nature établies pour tous les conifères de mon espèce. Sans conscience ni connaissance de ce qui allait m’arriver car je suis une créature privée de raison et sans intelligence, je croissais au fil des ans sous l’œil vigilant d’un petit enfant.
Mais un matin, alors que l’Enfant était déjà grand et que j’entendais l’écho de sa voix qui faisait trembler les montagnes, frémir les eaux et ressusciter les morts, je pensais en mon for intérieur que cette voix était bien celle qui m’avait tiré du néant. La Voix du Dieu fait Homme. Et que disait-elle : elle parlait de la Croix, de son désir de la porter pour sauver les hommes et d’en faire son emblème de gloire !
Cependant, au petit matin de la même année des hommes virent me voir, m’étudier et m’observer. C’est vrai que mon tronc était devenu fort et solide ! Alors ils me choisirent, ils élaguèrent mon faîtage, me débitèrent en tronçons et me transportèrent dans l’enceinte de la grande ville : Jérusalem !
Je ne restais pas longtemps dans le dépôt de bois, on me prit et là, je sentis les lèvres de mon Créateur, les lèvres du Dieu fait Homme, qui embrassait mon bois en tout ce qu’il a de rugueux, de dur et d’inflexible. Et je pensais à toi… Rugueux, dur, inflexible dans le péché. Alors, lorsque son Précieux Sang arrosa mon bois, je m’empressais de le boire, je l’absorbais avec avidité le laissant me pénétrer et enivrer chacune de mes fibres pour me rendre doux, me purifier de mon endurcissement et attendrir ton cœur ! Oui en imitant ce que Dieu fit à travers le bois de la Croix, en acceptant de tout cœur son Précieux Sang, en le confessant comme seul Purificateur et Sauveur, tu pourras sortir de ton péché !
Près de moi, à mes côtés se tenait la Vierge fidèle, Celle qui est toujours debout et qui dans l’obscurité du crépuscule extraordinaire qui se fit sur terre vers 15h00, éclatait de blancheur et faisait pâlir la lune dans sa maternité Immaculée : en effet, j’entendis le Verbe incarné mourant sur la Croix prononcer ces mots créateurs : “Femme, voilà ton fils”, ta Croix, le fruit de tes larmes et de tes souffrances.
Après le Salut du monde que Dieu fit par mon bois, je fus déposée en terre et cachée pour faire comme le grain de blé. Plus tard, je fus découverte et je deviens l’objet de gloire et de Triomphe de mon Créateur et Sauveur… Je deviendrai aussi le tien après ta mort si tu me portes comme me porta Notre Seigneur Jésus Christ et sa Sainte Mère.
In Corde Mariæ !
Sainte fête de l’exaltation de la Sainte Croix.
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