En se consacrant à l’Immaculée, le Chevalier Lui dit : « Faites ce que Vous préfèrerez de moi… Disposez totalement de tout moi-même, comme il Vous plaît ».
L’idée centrale cette pratique est de se constituer instrument dans les mains de Marie, mais instrument vivant, aimant et agissant par amour pour Elle. Cette vue repose sur la théologie de la causalité instrumentale. La causalité instrumentale a été largement étudiée et appliquée dans la théologie catholique par saint Thomas d’Aquin et ses disciples. Le Père Hugon, dans son livre « La causalité instrumentale en théologie » (Téqui, 1907, Paris) montre comment cette causalité sert à approfondir différents domaines de la théologie catholique.
Par exemple : le rôle d’un écrivain sacré dans la rédaction d’un livre de la Bible, le rapport de l’humanité sainte de Jésus avec sa Personne divine, le rôle des éléments sensibles dans le fonctionnement des sacrements, la manière dont les créatures peuvent concourir à la production d’un miracle, les modes d’action de la Vierge Marie dans sa Médiation de toutes grâces.
La différence entre la causalité principale et instrumentale est celle-ci : « Lorsque la cause efficiente produit par elle-même et par ses seules forces un effet qui lui est proportionné, elle est l’agent principal ; si elle ne peut atteindre que sous une influence étrangère un effet supérieur à sa vertu propre, elle est instrument » (op. cit. p. 6).
Un exemple va éclairer ces explications. Une craie, par elle-même, n’est capable que de laisser une trace blanche sur un tableau ; si elle est utilisée par un homme qui écrit, cette trace sera intelligible. Par exemple : « Marie, je Vous aime ». La trace blanche est l’effet propre de la craie, qui lui est proportionné ; l’intelligibilité de cette trace qui traduit un acte d’amour envers Marie est l’effet qui est supérieur à sa vertu propre et qui vient d’une cause supérieure, c’est-à-dire l’homme qui écrit.
En terme de résultat, la craie n’est tenue qu’à produire son effet propre – la trace blanche – et non pas à l’effet qui la dépasse – le caractère intelligible de la trace –, car ce dernier effet est le problème de l’utilisateur.
Le Père Kolbe enseigne que le Chevalier doit être l’instrument de la Vierge Marie.
En tant que Chevaliers, donc, nous n’avons qu’une obligation de résultat qui nous est propre, par exemple donner des médailles ; l’Immaculée a son effet propre : Elle se sert de notre action pour faire passer des grâces actuelles de conversions. En donnant la médaille, nous aurons été ses instruments… Marie se sera servie de nous pour produire des effets qui dépassent le Chevalier…
Abbé Guy Castelain+