Le Père Maximilien n’a été qu’une seule fois à Lourdes, le 30 janvier 1930, pour demander la bénédiction de sa Mère Immaculée avant son départ en mission en Extrême-Orient.
Mais le Serviteur de Dieu était lié à Lourdes depuis sa première jeunesse, et pas seulement parce que, en 1914, son pouce droit, que les médecins voulaient déjà amputer, avait été miraculeusement guéri par l’application de l’eau de Lourdes, ce qui avait sauvé sa vocation sacerdotale. (Récit de la jeunesse du Père Kolbe)
À Niepokalanów jusqu’aujourd’hui on peut voir la belle statue de Sainte Vierge que le Père Maximilien a apportée de Lourdes. L’apparition de Notre-Dame à Bernadette, comme déjà celle de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse à Sainte Catherine Labouré et celle à Alphonse Ratisbonne à Rome, ont été le fondement de l’idéal auquel il voua toute sa vie.
Le texte-testament du Père Maximilien Kolbe
La pensée du Père Kolbe a été profondément liée à Notre-Dame de Lourdes. Il a rédigé son texte-testament – la doctrine mariale, le matin de son arrestation, le 17 février 1941 et c’est l’aboutissement de longues réflexions sur le mystère de l’Immaculée.
Mais quel en fut le point de départ ? Précisément la réponse de la Sainte Vierge à sainte Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception ». Mais laissons-le nous parler…
« Immaculée Conception : ces mots sont sortis de la bouche même de l’Immaculée ; donc ils doivent montrer de la façon la plus précise et la plus essentielle qui Elle est.
Puisque les paroles humaines ne sont pas capables d’exprimer les réalités divines, alors ces mots — immaculée, conception — doivent être compris dans un sens plus profond, incomparablement plus profond, plus beau, plus sublime que dans leur sens habituel, mieux que ne les comprend la raison humaine la plus pénétrante.
Ce que dit saint Paul, après le prophète Isaïe : « Choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues et dont l’idée n’est pas venue au cœur de l’homme » (Is LXIV, 4), “tels sont les biens que Dieu a préparés pour ceux qui L’aiment” (I Cor II, 9), peut s’appliquer ici dans toute sa force.
Cependant on peut, et même on doit scruter le mystère de l’Immaculée et l’exprimer avec des mots que forge notre intelligence avec ses moyens propres.
Qui êtes-vous, Immaculée Conception ?
Ce que Marie n’est pas…
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- Pas Dieu, parce qu’Il n’a pas de commencement.
- Pas ange, créé immédiatement de rien.
- Pas Adam, formé de la glaise (Gen II, 7).
- Pas Ève, formée de la côte d’Adam (Gen II, 21).
- Pas le Verbe incarné qui existe depuis tous les siècles et que l’on dit plutôt conçu que conception.
Les enfants d’Ève n’existent pas avant leur conception ; on doit donc les appeler conceptions (créées). Mais Vous, Vous différez de tous les enfants d’Ève, car eux sont conceptions maculées par le péché originel, tandis que Vous, Vous êtes l’unique conception immaculée.
Tout ce qui est en dehors de Dieu, parce que c’est de Dieu et sous tous les rapports entièrement de Dieu, porte sur soi et en soi la ressemblance du Créateur, et il n’y a rien dans la créature qui ne possède cette ressemblance, car tout est l’effet de la cause première.
Ce que sont nos mots humains pour exprimer le divin
Il est vrai que les mots qui expriment les choses créées parlent de la perfection divine seulement d’une manière imparfaite, limitée, analogique. Ils sont un écho plus ou moins lointain, comme toutes les créatures qu’ils expriment, des propriétés de Dieu.
La conception ne fait-elle pas exception ? Il n’y a jamais d’exception dans ces cas-là.
Le Père engendre le Fils, et l’Esprit procède du Père et du Fils. Dans ces quelques mots se trouve le mystère de la vie de la très Sainte Trinité et de toutes les perfections dans les créatures qui ne sont pas autre chose que des échos variés, une hymne de louange, dans des tons multicolores, de ce mystère premier et le plus beau.
Nous devons utiliser notre vocabulaire habituel, parce que nous n’en avons pas d’autre, mais nous ne devons jamais oublier que ce vocabulaire est très imparfait.
L’Immaculée dans la vie trinitaire
Qui est le Père ? Quelle est sa vie personnelle ? Engendrer, car Il engendre le Fils dans les siècles des siècles, toujours.
Qui est le Fils ? L’Engendré, parce que, toujours et depuis des siècles, Il naît du Père.
Et qui est l’Esprit ? Il est le fruit de l’Amour du Père et du Fils. Le fruit de l’amour créé est une conception créée. Mais le fruit de l’Amour, prototype de cet amour créé, est nécessairement lui-même conception. L’Esprit est donc la Conception incréée, éternelle, le prototype de toutes les conceptions de la vie dans l’univers.
Le Père engendre, le Fils est l’Engendré, l’Esprit est la Conception jaillissante (d’Amour), et c’est là leur vie personnelle, par laquelle Ils se distinguent entre eux. Mais Ils sont unis par la même Nature, l’existence divine.
L’Esprit est donc cette Conception très sainte, infiniment sainte, immaculée.
La création, une image de la vie trinitaire
Dans l’univers, nous rencontrons partout l’action et la réaction qui est égale à l’action mais lui est contraire, le départ et le retour, l’éloignement et le rapprochement, la séparation et l’union. Et la séparation est toujours pour l’union qui est créatrice. Ce n’est rien d’autre que l’image de la très Sainte Trinité dans l’activité des créatures. L’union, c’est l’amour, l’amour créateur. Et l’activité divine n’agit pas autrement à l’extérieur. Dieu crée l’univers — c’est comme si c’était la séparation. Et les créatures, selon la loi naturelle qui leur est donnée par Dieu, se perfectionnent, s’assimilent à Lui, retournent à Lui ; et les créatures intelligentes L’aiment d’une façon consciente, et par cet amour s’unissent de plus en plus à Lui, et retournent à Lui.
L’Immaculée, image parfaite de la Conception incréée
La créature la plus totalement remplie de cet amour, remplie de la divinité : c’est l’Immaculée, sans aucune tache de péché, qui ne s’est en rien séparée de la volonté de Dieu; unie au Saint-Esprit comme son épouse, d’une façon inexprimable, mais dans un sens incomparablement plus parfait qu’on peut le dire des créatures.
Quelle est cette union ? Elle est avant tout intérieure, union de son essence avec ‚l’essence‘ de l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint habite en Elle, vit en Elle et cela dès le premier instant de son existence, depuis toujours et à jamais.
En quoi consiste la vie de l’Esprit-Saint en Elle ?
En quoi consiste la vie de l’Esprit en Elle ? Lui-même est l’Amour en Elle, c’est l’Amour du Père et du Fils. Amour dont Dieu s’aime Lui-même, Amour de toute la très Sainte Trinité. Amour fécond, conception. Chez les créatures faites à la ressemblance de Dieu, l’union par l’amour sponsal est l’union la plus intime. (cf. Mt XIX, 6) D’une manière beaucoup plus précise, plus intérieure, plus essentielle, l’Esprit très Saint vit dans l’âme de l’Immaculée, dans son être; Il la féconde, et cela dès le premier instant de son existence, durant toute sa vie, et jusque dans l’éternité.
Cette éternelle Immaculée Conception (le Saint-Esprit) conçoit de façon immaculée la vie divine dans le sein de son âme, à Elle, Immaculée Conception. Et le sein virginal du corps de Marie Lui est réservé et Il y conçoit aussi dans le temps, tout ce qui est matériel se passe dans le temps — la vie de l’Homme-Dieu.
Et ainsi le retour à Dieu, c’est-à-dire la réaction égale et contraire (qui est l’amour), suit un chemin différent de celui de la création. Le chemin de la création va du Père par le Fils et l’Esprit ; ici, il va, par l’Esprit et le Fils, au Père, c’est-à-dire que, par l’Esprit, le Fils s’incarne dans le sein de l’Immaculée et, par ce Fils, l’amour retourne au Père.
Le « complément de la Sainte Trinité »
Et Elle, (l’Immaculée), insérée dans l’Amour de la très Sainte Trinité, devient, dès le premier moment de son existence et pour toujours le « complément de la Sainte Trinité ».
Dans l’union du Saint-Esprit avec Elle, ce n’est pas seulement l’amour de deux êtres, mais en l’un d’eux : c’est tout l’amour de la Sainte Trinité, et en l’autre : c’est tout l’amour de la création ; et ainsi dans cette union se rejoignent le Ciel et la terre, tout le Ciel avec toute la terre, tout l’amour éternel avec tout l’amour créé. C’est le sommet de l’amour.
L’Immaculée à Lourdes ne se désigne pas comme conçue immaculée, mais comme le dit sainte Bernadette : « Que soy era immaculada concepciou » (« Je suis l’Immaculée Conception »)…
Si chez les créatures, l’épouse prend le nom de l’époux parce qu’elle lui appartient, ne fait qu’un avec lui, devient son égal et est avec lui principe créateur de vie, à combien plus forte raison le nom de l’Esprit-Saint : Conception Immaculée, est-il le nom de Celle en qui Il vit comme Amour, principe de vie dans tout l’ordre surnaturel de la grâce ».
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