Les apôtres des derniers temps — Le silence

Les apôtres des derniers temps — Le silence

news377 FR F« Les armes de notre Milice ne sont pas charnelles ». Tel est le mot de saint Paul que saint Maximilien a donné comme devise aux chevaliers de l’Immaculée. Or, parmi ces armes, le silence tient une place capitale. Cette affirmation peut nous surprendre ; le silence n’est-il pas plutôt une faiblesse ?

Pourtant, telle est la sagesse de Dieu, « mystérieuse et cachée ; si les princes de ce siècle l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire ! » (Cor. II, 7-8). Entrant dans cette logique, la Sainte Vierge veut voir briller l’amour du silence, comme il ressort de ses paroles à La Salette : « J’appelle les fidèles disciples de Jésus-Christ, qui ont vécu dans le mépris et le silence. »

Mais le silence serait-il réservé aux religieux, ou bien aux temps de retraites spirituelles ? Tel n’est pas l’avis de saint Maximilien. Avec toute la tradition ascétique, il affirme que le silence est indispensable. En effet, « toute la vie de l’homme est un combat » (Job VII, 1), et seul celui qui sait faire silence remportera la victoire (Scupoli Le combat spirituel, chapitre 24). Mais laissons l’ardent fondateur nous en fournir la démonstration.

Cette conférence fut donnée à la communauté de Mugenzai no Sono, au Japon, le mardi 17 avril 1934. Saint Maximilien venait de passer trois années des plus dures de sa vie ; son œuvre fut remise en cause par celui qui lui avait été donné comme soutien dans son ministère. Au moment où il prononça ces mots, il venait d’être déchargé de ses fonctions de supérieur. Anéanti, il pouvait toucher du doigt que c’est Dieu seul, par l’Immaculée, qui accomplit le peu de bien que nous pouvons faire. Mais seule l’âme qui vit dans le silence comprend ces choses sans se révolter.

« Le silence est nécessaire et même indispensable. En effet, lorsque le silence fait défaut, les grâces de Dieu tarissent. Alors nous cessons d’être des instruments entre les mains de l’Immaculée, et nous ne pouvons que gâter ses affaires, quand bien même nous accomplirions les actions les plus sublimes.

Faire silence ne signifie pas ne rien dire, mais ne parler que dans la mesure où l’Immaculée le souhaite ; autant que, pas plus que. Pour ne parler qu’autant qu’il le faut, il est nécessaire de veiller continuellement sur soi-même, afin de ne dire que ce qui est nécessaire et indispensable pour l’expédition des affaires courantes.

Si nous ne gardons pas le silence prescrit, nous ne correspondrons pas aux grâces de Dieu, et si nous manquons à une grâce, c’est toute la série des grâces suivantes qui sera perdue pour nous, alors que nous aurions pu les recevoir si nous avions gardé le recueillement. Quelle responsabilité devant Dieu !… Car en profitant de ces grâces, nous aurions pu devenir des saints et y entraîner les autres, en donnant le bon exemple ; mais si nous y manquons, les autres ne gagnent rien, et nous, nous y perdons. Car l’exemple est une force qui entraîne. Un médecin de Nagasaki me racontait qu’en voyant le comportement des chrétiens, il s’était converti. Il n’a pas eu besoin pour cela ni de discussion ni de démonstration, l’exemple a pesé plus lourd que tout cela.

Mais comment acquérir l’habitude du silence ? Avant tout, prier, car seule l’Immaculée peut accomplir tout cela en nous. Puis, il serait bon d’offrir cette pratique du silence à l’Immaculée, au début et à la fin de chacune de nos actions de la journée, ne serait-ce que par l’invocation : “Marie”. En cas de manquement, il ne faut jamais s’en attrister, car cela sent l’orgueil ; au contraire, avec un grand amour et la joie dans l’âme, se relever tout de suite, et aller de l’avant ! Réparer cette chute par un acte de charité parfaite.

Ensuite, sans cesse, sans cesse des efforts ! Il faut toujours poser le pied sur la première marche, comme dit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, jusqu’à ce que finalement nous émouvions le Seigneur Dieu, qui viendra, nous prendra dans ses bras et nous mènera jusqu’en haut.

C’est ainsi que nous rayonnerons de la lumière de l’Immaculée et que nous répandrons autour de nous sa bonne odeur. Mais alors, ce n’est pas nous, mais l’Immaculée, notre petite Maman, qui fera tout cela en nous. Nous sommes un peu comme la lune, qui, la nuit, éclaire tellement que l’on peut lire un livre à sa lumière. Mais elle n’éclaire que de par la lumière du soleil, et non pas par la sienne, car d’elle-même elle est sans éclat. II en est de même pour nous, qui sommes sans éclat et ne donnons pas de lumière. Cependant nous rayonnerons, lorsque nous puiserons cette lumière de l’Immaculée, notre Mère. »

Mugenzai no Sono, mardi 17 avril 1934.

 

Ces paroles nous convainquent d’autant plus qu’elles émanent d’un homme pris dans le tourbillon des activités. Combien, parmi vous, comme lui, sont entraînés dans les affaires. Comme lui, nous saurons désormais faire silence, nous en trouverons le courage. Ne l’oublions pas, nous aurons à rendre compte de la moindre parole oiseuse. Le silence est donc une grande grâce. Mais cette grâce, ne l’oublions pas, c’est en l’Immaculée que nous la trouverons, et à la mesure de notre foi.

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