L’appel se précise
Une mission se tenait dans la ville de Pabianice et le P. Peregrin Haczela, un frère franciscain conventuel, prêchait. Les deux frères, Francis et Raymond, étaient présents et se délectaient de chaque mot. Ils ont entendu le frère dire qu’un séminaire s’était ouvert dans la ville de Leopoli (Lwów) pour les garçons qui veulent se consacrer à Jésus dans l’Ordre de Saint François. Immédiatement après le sermon, les deux garçons sont allés rencontrer le prêtre missionnaire dans la sacristie. Ils parlèrent avec lui et lui firent part de leur désir de se consacrer à Dieu comme saint François l’avait fait, et lui demandèrent de bien vouloir les accepter dans le nouveau séminaire de Leopoli, bien qu’il soit à environ 300 milles (500 km) de leur maison.
Le séminaire
Leurs parents n’étaient pas trop disposés, compte tenu de la distance, mais ils ont finalement consenti et, en octobre 1907, les deux garçons sont entrés au Séminaire de Lwów. Raymond fit de grands progrès dès ses débuts au séminaire, jusqu’au moment de la prise d’habit et du début du noviciat.
La tentation
Voyant la forte décision de Raymond de marcher à grands pas vers la sainteté, le démon vint le perturber par une tentation assez pernicieuse : il lui suggéra la pensée troublante de gagner son martyre par une mort militaire, en disant : « Si vous voulez gagner les deux couronnes promises par la Madone, alors plutôt que de continuer au séminaire, vous devriez partir immédiatement et entreprendre une carrière militaire afin que vous puissiez aller au combat et mourir pour la Reine du ciel, et ainsi gagner le privilège d’être couronné par Elle. »
Raymond fut tellement convaincu par cette pensée trompeuse qu’il décida de ne pas postuler pour commencer son noviciat, et persuada également son frère aîné François de faire de même. Encore une fois, la Bienheureuse Vierge Marie veillait sur son protégé, et Elle donna à la mère des deux garçons l’envie de les visiter sans tarder dans ce lointain séminaire. C’est exactement ce que fit Maria Kolbe en arrivant sous le porche du séminaire au moment où les garçons s’apprêtaient à se rendre au bureau du Père Provincial pour annoncer leur décision. Au son de la cloche, les deux garçons reçurent l’ordre de venir accueillir leur mère, retardant ainsi leur annonce prévue. En expliquant à cette dernière leurs intentions, ils furent à même de constater et de comprendre les tromperies de Satan. Voyant l’erreur de ses deux garçons, cette mère dévouée usa de douceur et de cette force persuasive pour les faire rapidement changer d’avis et les rendre maintenant désireux de demander la réception de l’habit de saint François et l’admission au noviciat.
Voyez comment le lien entre Raymond et sa Mère céleste a été encore renforcé avec sa reconnaissance que : « Une Providence infiniment miséricordieuse, par le biais de l’Immaculée, a envoyé notre mère à ce moment crucial. »
Le Noviciat
Trois ans plus tard, le 4 septembre 1910, au pied de l’autel de la Vierge Immaculée, Raymond Kolbe, à seize ans, devient frère. À partir de ce moment, il s’appela Frère Maximilien Marie. Il avait choisi de prendre les noms de Maximilien, nom de brave soldat et de souverains renommés, et celui de Marie, du nom de sa propre mère et de sa Mère du Ciel. Ses supérieurs sentaient qu’il avait quelque chose d’exceptionnel ; et les sentiments du frère Maximilien étaient ceux d’une personne fortement déterminée à vivre sa vocation franciscaine, vue dans toute sa force et sa beauté. Rappelez-vous qu’il n’avait parlé à personne d’autre que sa mère terrestre, de l’apparition qu’il avait eue de la Bienheureuse Vierge Marie à l’âge de dix ans. Ses supérieurs ne connaissaient pas la véritable force motrice de cette détermination.
Pendant les douze mois de son noviciat, le frère Maximilien prie, étudie, travaille et exerce les vertus d’un religieux, tout en apprenant à connaître la vie commune franciscaine de prière, de pauvreté et de pénitence, une discipline qui lui sera très utile dans les années à venir. Il fut grandement aidé à surmonter une période de scrupules par une rencontre providentielle avec un prêtre vraiment saint, le Père Wenanty Katarzyniec, et en faisant preuve de docilité et d’obéissance envers ses supérieurs.
A la fin de l’année de Noviciat, le 5 septembre 1911, le Frère Maximilien Marie se consacra à Dieu par les vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté, promettant d’observer fidèlement la Règle de son Père séraphique, saint François d’Assise.
Les études supérieures
Un an plus tard, frère Maximilien avait terminé ses études supérieures à Cracovie. Son Père Provincial lui offrit soit la possibilité d’y poursuivre ses études soit d’aller au Collège grégorien de Rome pour y préparer un doctorat en philosophie et théologie en 1912. Le Frère Maximilien choisit de rester à Cracovie malgré les efforts de son Père Provincial pour lui faire accepter la chance d’étudier à Rome, et son nom a été retiré des frères destinés au Collège séraphique international.
Qu’est-ce qui a amené le frère Maximilien à décider comme il l’a fait ? En présence de son Père Provincial, il prétend que sa mauvaise santé le dissuade d’aller à Rome, mais secrètement, il a d’autres raisons. Il avait entendu parler de licence, de corruption et d’immoralité publique à Rome, quoique peut-être exagérées, mais dérangeant quand même. Il était conscient de sa promesse d’enfance envers Notre-Dame et de la couronne blanche de pureté : alors, il était déterminé à ne pas mettre sa pureté virginale à l’épreuve. Pour ces raisons, il a préféré l’environnement plus sûr de Cracovie où la modestie chrétienne prévalait.
Cependant, pendant la nuit, il ne se sentait pas à l’aise avec sa décision, alors le lendemain, il rendit visite à son Père Provincial pour s’excuser d’avoir fait passer sa préférence personnelle avant l’obéissance qu’il devait. Son nom fut alors réintégré sur la liste. C’est là un autre exemple de la grande importance que frère Maximilien attachait à l’obéissance.
La Grégorienne – Rome
Le frère Maximilien a commencé à se faire une réputation peu de temps après son arrivée au Collège grégorien grâce à sa bonté exceptionnelle et à son niveau d’intelligence remarquablement élevé. Le Recteur du Collège, le P. Stephen Ignudi, le décrivit comme un « saint jeune homme » et inscrivit cette description dans le registre du collège. C’est pendant qu’il était au Collège que les qualités et les vertus du frère Maximilien se sont manifestées.
Ses condisciples remarquèrent à quel point il était méticuleux dans l’observation de la Règle, et pourtant il n’en fit pas grand cas, conservant d’un bout à l’autre une impressionnante humilité. Au son de la cloche du monastère, il arrêtait tout, même à mi-allure ou à mi-phrase, pour donner toute son attention à ce qu’on attendait de lui à cet instant. Dans sa piété, son amour pour Notre-Seigneur ne connaissait pas de limites comme en témoigne son inscription à l’Adoration Perpétuelle signifiant qu’à chaque heure il rendait visite au Saint-Sacrement. Sa dévotion et son affection envers la Madone étaient sincères et enfantines. Il était un vrai fils de la Très Sainte Vierge Marie et lui avait donné le doux nom de « Ma Mère » (Mamusia), et lorsqu’il se promenait avec d’autres étudiants, il les invitait à se joindre à lui pour réciter le chapelet et d’autres prières.
Son exemple fut à son issue une source d’inspiration spirituelle pour ceux qui eurent la chance d’être en sa compagnie. Un autre trait de caractère du frère Maximilien, et qui allait se manifester plus tard dans toute sa profondeur, était sa générosité incessante envers les moins fortunés que lui. Au Collège, cela se manifestait en partie dans ses compétences en communication grâce auxquelles il absorbait le contenu des cours dispensés par les professeurs, en faisait des copies et les transmettait à ses camarades, en particulier lorsque les examens approchaient. Qui aurait pu savoir à ce stade les sommets qu’il atteindrait lorsqu’il se tournerait vers la publication de bulletins par centaines de milliers dans quelques années ?
Finalement, le 22 octobre 1915, le frère Maximilien obtint son doctorat en philosophie à l’Université grégorienne, après quoi il entreprit d’autres études à l’École de théologie du Collège séraphique international. C’est là que le Frère Maximilien a vécu une autre intervention de sa « Mamusia » qui, à coup sûr, regardait avec amour sa progression vers l’objectif qu’elle avait en tête pour lui.
Une deuxième intervention de l’Immaculée
Un jour, il eut un pouce droit gravement infecté qui, selon le médecin, avait un besoin urgent d’être amputé. Cela lui fit un choc car, s’il devait devenir prêtre, l’absence de pouce droit pouvait être un sérieux empêchement au sacerdoce. Son recteur lui rendit visite ce soir-là et raconta comment l’eau de Lourdes avait guéri un abcès sur son pied pendant l’enfance, et où aussi, l’amputation avait été proposée comme seule solution. Puis, posant une bouteille d’eau de Lourdes sur la table du frère Maximilien, il prit congé en disant : « Je ne vous en dirai pas plus. »
Lorsque le médecin arriva le lendemain matin, le frère Maximilien lui demanda d’appliquer de l’eau de Lourdes sur la blessure à laquelle le médecin, en bon chrétien, accepta et reporta l’amputation qu’il était venu faire. Il fut étonné, en revenant le lendemain matin, de voir que l’index était guéri et qu’aucune amputation n’était nécessaire. Par l’intermédiaire du Recteur et de l’eau de Lourdes appliquée par le médecin, tous deux instruments entre les mains de la Vierge Immaculée, elle était intervenue de façon démontrable pour subvenir aux besoins de son fils préféré.
A Rome, la réparation des blasphèmes et le zèle pour le salut des âmes prennent encore plus d’ampleur dans son âme
Extrait du cahier quotidien de Maximilien
- Le 29 janvier 1918 — J’entends un blasphème hideux contre la Très Sainte Vierge Marie. Je suis maintenant guéri. Je n’ai besoin de rien, sinon de travailler de mon mieux pour sauver ces pauvres âmes et redresser les graves insultes qui sont jetées quotidiennement contre l’Immaculée, contre Dieu. Assez avec de telles choses !
- 13 mars 1918 – Mercredi des Cendres. A 10 heures du matin (dans l’église des Douze Apôtres) eut lieu la cérémonie de l’imposition des cendres ; une belle homélie sur la mort (P. Colajacomo, franciscain). [témoin de blasphème après la cérémonie, le frère Maximilien écrit:] Mon Dieu, comment peut-on vivre ici, au milieu d’horribles et d’innombrables blasphèmes ? Pauvre Italie !
- 15 mars 1918 – “Corda Pia” (Une pieuse pratique franciscaine en l’honneur des blessures de Jésus et des stigmates de saint François d’Assise) chez les Douze Apôtres. Encore une fois blasphème « par fantaisie ».
- 16 mars 1918 – Blasphèmes sous la fenêtre. C’est un pays de blasphémateurs !
Nostalgie de la patrie
Extrait du cahier quotidien de Maximilien
Rome : Le 1er, 2 et 3 mars—Examens.
Le 17 mars 1918, je suis allé chez les Pères Résurrectionnistes pour un sermon en polonais. Après l’homélie, il y a eu l’Exposition du Très Saint Sacrement et la Bénédiction. Qu’il était agréable de se retrouver parmi les Polonais, d’entendre l’écho des chants polonais, et de s’agenouiller devant Dieu, fait chair et caché sous les apparences du pain. Il daigne tourner ses yeux vers nous et nous bénir, comme si nous faisions naufrage en terre étrangère. Dieu est partout et pour tous. (Je me rends compte que je commence à sentir le style littéraire de la Pologne prendre vie entre mes mains. Ô Immaculée, ma Dame et ma Reine, daignez m’aider à écrire uniquement en votre honneur, et par là, à la plus grande Gloire possible de votre Divin Fils.)
Le 9 avril – Le Père Recteur [Stefano Ignudi] m’a ordonné de préparer l’examen que je dois passer au Vicariat avant mon ordination sacerdotale.
Ô Immaculée, ma Dame, aide-moi à bien me préparer pour un moment aussi important. En pensant à un tel pouvoir illimité, je me sens quelque peu intimidé. Pourtant, je ressens aussi un désir ardent d’atteindre le moment auquel j’aspire depuis si longtemps.
J’écris pour que mon zèle se rallume toujours davantage lorsque je lirai mes notes à l’avenir.
Rome, Amelia, juillet-septembre 1918
12 juillet — Derniers examens. Je n’ai rien écrit depuis longtemps, puisque je n’avais pas le temps du tout ; en fait, j’ai dû préparer des examens.
Les examinateurs
Extrait du cahier quotidien de Maximilien
« Le samedi 12 avril 1919 — L’Immaculée, « Fiducia mea », m’a aidé à réussir les examens de théologie morale et de droit canonique. Parmi les examinateurs : Mgr Mgr. Dominique Jaquet, le Très Rév. Procureur général, le P. Francesco Dall’Olio, et le Très Rév. Francesco Laner. Il est maintenant temps de commencer nos vacances de Pâques. En fait, je sens que j’en ai vraiment besoin. Marie. »
Le résultat des examens :
De plus, il était doué d’une bonne intelligence. Mais il ne pouvait pas s’appliquer à l’étude de toutes ses forces à cause de sa santé fragile ; des épisodes de tuberculose et d’autres maux physiques l’ont obligé à prendre des pauses fréquentes et parfois longues dans son activité scolaire. Les notes finales des deux doctorats témoignent, cependant du sérieux de ses études et de ses capacités : 8 sur 10 en philosophie, 7 sur 12 en théologie.