Les crachats
Dans les rues de Jérusalem, hommes, femmes et enfants s’agitent et se pressent en cette veillée du grand sabbat. Les maisons doivent être propres et les repas prêts à être servis pour cette grande festivité de la Pâques. Pourtant au lieu des cris de joie et des exclamations de bienvenue, ce sont des cris de haine, des vociférations injurieuses, des hurlements blasphématoires, des torrents d’insultes infernales. Les bouches de ces foules sont déformées, tordues par la haine. La cause de leur rage est mystérieuse car seul un homme défiguré se tient devant eux dans le silence.
Il est couvert de sang, de blessures, d’épines, de crachats… et de silence
Tout ce que l’homme peut jeter sur Lui, jeter sur Dieu, Il ne l’a pas repoussé. Les crachats, les ordures, la poussière, Il ne les a pas évités ni essuiés, ni esquivés.
Ces crachats répugnants sont l’image de ces blasphèmes atroces de notre siècle qui accusent Dieu des maux dont il souffre.
Ces crachats sont l’image tiède et fétide de nos pensées libérales qui rejaillissent en paroles mauvaises et corruptrices. « Tu es libre de choisir le bien ou le mal, tu es libre de faire ce qu’il te plaît, si tu les sens il faut le faire, tes sentiments sont supérieurs à la raison et à la loi ! Du moment que tu ne fais pas de mal… » Voilà la tiédeur de ces crachats.
Le libéralisme des individus et des états, ces crachats ignobles recouvrent la Sainte Face de Notre-Seigneur sans qu’Il ne s’en détourne car pour cette tiédeur mortelle aussi Il veut expier.
Mais il serai faux de croire que l’âme peut d’elle-même se tirer de cette erreur car le libéralisme a ceci de particulier qu’il se dissimule qu’il se mêle au Précieux Sang qu’il ne fait pour ainsi dire qu’un avec Lui, tout comme ces crachats !
Le propre du libéralisme est de prendre la forme de la vérité et de la liberté, il n’en prend que la forme, que l’apparence comme sur Notre-Seigneur, il ne prend que l’apparence du Précieux Sang ! C’est pour cela que nous nous trompons si aisément et qu’il est difficile de dissocier et de distinguer le vrai du faux : en changeant de forme comme le démon qui prit le corps d’emprunt du serpent au jardin d’Eden, le libéralisme est intrinsèquement pervers.
Toutes les familles aujourd’hui sont infectées par ce venin, toutes les structures d’état et combien plus notre Mère la Sainte Église et ses chefs ! Tous nous avons craché et crachons encore sur notre Dieu nos pensées et paroles répugnantes de libéralisme sans parfois même sans apercevoir, tant est enraciné en nous cette mauvaise habitude de faire de l’homme le centre du monde.
Si pour nous Il a accepté de laisser couler sur sa Face adorable nos crachats immondes, s’il ne les a pas enlevés, comment nous qui en sommes les auteurs, pourrions-nous les lui enlever ? Comment pourrions nous non seulement réparer en désir mais en acte ? Quel acte peut-on faire pour être libérer de notre libéralisme et qui essuirai la Face de notre Roi ? La réponse est auprès de l’Immaculée : c’est Elle qui a inspiré Sainte Véronique son grand acte de courage qui a brisé son respect humain et son libéralisme, c’est la Vierge Marie, vainqueur de toutes les hérésies.
Véronique court sur le chemin du Calvaire, elle repousse les soldats, elle force son cœur et ses sentiments à se taire, elle écrase ses pensées de peur, d’amour propre et bouscule son égoïsme, elle s’oublie elle-même, elle s’arrache à son confort intellectuel et à son opinion propre, dominant ses répulsions pour accomplir ce que l’Immaculée lui inspire. Elle fait de Dieu le centre de ses décisions, de sa vie, le premier de son cœur et, par là, elle essuie sa Sainte Face : A un tel acte prompt et concret qui manifeste réellement le rejet du libéralisme, Dieu répond aussitôt et imprime sur son âme sa propre Sainte Face.
Que notre apostolat auprès des âmes qui ne vous connaissent pas, Seigneur, nous délivre de notre libéralisme !