Les apôtres des derniers temps — Ad Jesum per Mariam

Les apôtres des derniers temps — Ad Jesum per Mariam

Qu’enseigneront les apôtres des derniers temps ? L’Évangile, tout l’Évangile, certes. Mais ils proclameront et feront connaître à tous, le grand moyen que Dieu, dans sa miséricorde, nous présente pour parvenir à Lui. En nous donnant le Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, Dieu nous donne les derniers remèdes pour notre temps.

Ce Cœur très saint nous est présenté comme notre refuge et le chemin qui conduit jusqu’à Dieu (Fatima, apparition du 13 juin 1917). Voilà une vérité que ces apôtres ont comprise, dont ils vivent et qui les caractérise, selon la définition de Notre-Dame Elle-même : « J’appelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que Je les conduise à mon divin Fils » (Secret de La Salette). Ad Jesum per Mariam !

Ce fut le leitmotiv de saint Maximilien, comme nous allons le voir. Et cet adage est fondé sur la médiation de Notre Dame, qui implique que Marie conduit à Jésus (médiation ascendante).

Le texte que nous vous proposons aujourd’hui est une conférence donnée à Niepokalanów, le 31 décembre 1938, aux frères profès de vœux solennels. Le ton y est empreint d’une émotion et d’une force inaccoutumées, ce qu’explique l’importance du sujet. Ces lignes sont des notes prises sur le vif par un frère, aussi le style parlé est-il conservé, avec ses redites, certes, mais encore et surtout avec sa puissance de persuasion.

 

news155« Quel est le but de la M.I 1, 2 et 3?

Dans la M.I. 1, chacun se donne à l’Immaculée individuellement, et tend au but de la M.I. “selon ses possibilités et sa prudence”.

Dans la M.I. 2, l’activité est organisée. Il y a des statuts, règlements, ou autres choses semblables, selon lesquels les membres s’efforcent d’atteindre ce même but.

Dans la M.I. 3, toutes les limites sont brisées : c’est le don de soi entre les mains de l’Immaculée, sans restriction. Il faut qu’Elle puisse faire de nous tout ce qu’Elle veut et comme Elle le veut : nous sommes à Elle, et Elle est à nous. C’est par son aide que nous accomplissons toutes nos actions. C’est aussi par son aide que nous vivons et travaillons. Dès qu’il s’agit de l’Immaculée, il n’y a plus de “mais”, nous y allons tout de suite ; même si Elle nous demandait d’aller aux extrémités du monde, pour y fonder une « Niepokalanów », nous y volerions ! Telle est la volonté de l’Immaculée. Tous les sacrifices nous deviendront légers, si nous Lui appartenons.

Chers frères ! Nous, nous croyons en l’Immaculée. Nous sommes des hommes, et nous croyons qu’Elle existe ! — et que l’honneur Lui est dû ! Nous croyons qu’Elle nous voit et nous entend en ce moment ! Et tout ce qui nous concerne dépend d’Elle, puisque nous Lui appartenons.

Le Seigneur Jésus, en tant qu’homme, est notre médiateur auprès du Père céleste. La Mère très sainte est médiatrice entre le Seigneur Jésus et nous, et toutes les grâces parviennent à nous par Elle. Elle a été établie par le Seigneur Jésus, et nous, nous y croyons ! C’est par Elle que nous obtenons les grâces, et Elle nous conduit au très saint Cœur de Jésus.

Hier, j’ai lu un livre sur l’Immaculée, écrit en français mais traduit en italien. Ses auteurs hésitent tellement à rendre honneur à la Mère de Dieu et qu’ils en viennent à être insultants pour Marie. Il en est qui pensent qu’il faut effectivement honorer Marie, mais, comme le diable, qui ne veulent pas courber la tête devant Elle ; et lorsqu’une tentation les assaille, ils ne savent plus s’il faut invoquer Jésus ou Marie dans leurs prières. Mais justement, plus on s’est livré à l’Immaculée, plus audacieusement on peut s’approcher du Seigneur Jésus, de son Cœur très sacré, surtout au moment de la tentation ; mais cela seulement par Marie et par Elle seule, car Elle est précisément cette échelle sûre qui nous donne accès au Cœur très sacré du Seigneur Jésus. (Saint Maximilien fait ici allusion à un épisode de la vie de saint François, qui vit en songe deux échelles, une rouge et une blanche. La première symbolisait Notre-Seigneur ; les frères qui la gravissaient, peinaient, et, pour la plupart, en tombaient, tant elle était escarpée. La seconde figurait Marie ; son ascension était plus facile, et tous les frères arrivaient au terme. La dévotion mariale est un chemin sûr pour aller à Dieu.)

Quant à nous, chers frères, ne nous laissons pas séduire par le diable. Nous croyons en l’Immaculée ; nous savons qu’Elle est, après Dieu, l’être le plus parfait, le plus saint, le meilleur, le plus puissant. Pourquoi est-ce que je vous dis ces choses ? Afin que vous ne croyiez pas au démon s’il venait à vous attaquer.

Quand bien même de savants théologiens et leurs disciples viendraient ici et vous prêcheraient avec un langage et une sagesse sublime, mais vous enseigneraient autre chose que ce que je vous dis maintenant, ne les croyez pas. Aussi je vous le dis : avec l’aide de l’Immaculée, vous pourrez tout faire.

Écoutez bien, c’est saint Paul qui parle, dans son Épître adressée à ses fidèles : « Même si un ange venu du Ciel vous enseignait autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu’il soit anathème ! » (Gal. I, 8-9). Ainsi, à mon tour, je vous le dis : s’il surgissait parmi vous quelqu’un, qui ne voudrait pas honorer la Mère très sainte, ou même voudrait détendre le lien étroit qui nous unit à l’Immaculée, et vous enseignerait autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu’il soit anathème !

Bien entendu, il n’est pas requis que nous ne nous adressions qu’à la Mère très sainte dans nos prières ; nous pouvons aussi nous adresser directement au Seigneur Jésus, et ce avec d’autant plus d’audace que nous appartenons à l’Immaculée, pourvu que cela soit sans exclure la Mère très sainte, et sans dire : je n’ai pas besoin de la Mère de Dieu pour me sanctifier et me sauver ; car cela viendrait du démon.

L’Immaculée est cette échelle par laquelle nous allons au Cœur très sacré de Jésus, et quiconque repousse cette échelle ne peut parvenir au sommet, et retombe sur le sol.

Nous croyons que l’Immaculée existe, qu’Elle nous conduit au Seigneur Jésus, et si quelqu’un vous dit autre chose, qu’il soit anathème ! Qu’il soit anathème !!!

Si l’Immaculée veut quelque chose de nous, il n’y a aucun doute que nous ne l’obtenions, c’est certain ! Avec son aide, nous serons capables de tout, nous convertirons le monde entier.

Alors, au travail ! Certes, par nous-mêmes, nous n’arriverons à rien, mais avec l’aide de l’Immaculée, nous convertirons le monde, je vous le dis, nous jetterons le monde entier à ses pieds ! Soyons à Elle seule, totalement, sans limite.

Qu’Elle vive en nous, agisse en nous, et accomplisse tout en nous. Soyons ses instruments aveugles. Qu’Elle fasse de nous uniquement ce qu’il Lui plaît. »

 

Nous pourrions nous étonner de la véhémence de ces propos. Mais ils sont sortis tout droit du cœur de saint Maximilien, non moins que de sa foi. Ils sont comme son testament (nous sommes à trois ans de sa mort), où il livre à ses disciples préférés ce à quoi il tient plus qu’à la prunelle de ses yeux : la place de l’Immaculée, médiatrice, dans la vie de ses chevaliers, son rôle qui est de nous conduire au Sacré Cœur.

Mais ces paroles sont aussi prophétiques. Au lieu même où elles furent prononcées, quelques années plus tard, les éditeurs de ses conférences atténuent considérablement la portée de la présente exhortation, dans les notes pages. Après avoir reconnu à saint Maximilien le caractère traditionnel de son enseignement sur Marie Médiatrice (dans la ligne de « saint Bernard, saint Bonaventure, saint Bernardin de Sienne, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, saint Alphonse de Liguori […] et même Léon XIII »), ils concluent en disant que le concile Vatican II et les théologiens contemporains tendent plutôt à inclure la médiation de Marie, des saints, et de tout le peuple de Dieu, dans l’unique médiation du Christ. Ainsi, les termes si clairs de l’enseignement traditionnel seraient dépassés, et leur force s’en trouve neutralisée.

En effet, un témoin objectif du Concile, le Père Ralph Wiltgen (Le Rhin se jette dans le Tibre, 1967) raconte comment le titre de « Médiatrice » fut « une source de vives inquiétudes pour [le Père Rahner] et pour les PP. Grillmeier et Semmelroth ainsi que pour l’abbé Ratzinger. » Si le texte prévu était adopté, “il en résulterait un mal inimaginable du point de vue œcuménique.”(Op. cit., p. 90. Voir aussi p. 151-156.) Il ne fut pas possible d’omettre complètement ce titre dans le texte conciliaire, mais il fut noyé parmi d’autres et dans la pratique, aujourd’hui, il n’est plus « œcuméniquement correct ».

Dans ce contexte, il est d’autant plus admirable de voir que contre la nouveauté, saint Maximilien s’appuie sur le verset de saint Paul sur lequel Monseigneur Lefebvre devait fonder sa résistance, quelques décennies plus tard (voir notamment la déclaration du 21 novembre 1974). Avec la force des saints, le Père Kolbe n’hésite pas à désigner sans ambages l’être déchu qui a inspiré ces diminutions de la vérité.

Loin de faire partie des dévots timides [« Allez, montrez-vous comme mes enfants chéris ; […] combattez, enfants de lumière, vous petit nombre qui y voyez »(Secret de La Salette)] qui craignent de trop exalter Marie, confessons hardiment de bouche la médiation de l’Immaculée, vivons de cette vérité par une vie toute donnée à cette Mère céleste, recourant à Elle en tous nos besoins, et croyons en la puissance de son attraction dans la conquête des âmes que Dieu met sur notre chemin ; confions ces âmes au Cœur Immaculé de Marie, afin qu’Elle-même les convertisse et les conduise au Sacré Cœur de Jésus.

Ad Jesum per Mariam !

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