Le premier miracle : L’osier qui saigne
Le 25 mars, 1649, en la fête de l’Annonciation, jour chômé dans le Royaume, Pierre Port-Combet, un protestant du hameau des Plantées, près de Vinay, dans le Dauphiné, dérogea aux préceptes, malgré les avertissements de son épouse catholique. Il alla couper des branches d’osier dans son verger. Tout à coup, il se voit les mains sanglantes et le sang sort à grosses gouttes de chacune des amarines (branches de l’osier). La nouvelle de l’événement se répand rapidement. Mais Port-Combet avait travaillé un jour d’interdiction, il dût comparaître devant la justice, le 30 mars suivant. Pour avoir travaillé un jour de fête religieuse, le protestant sera condamné à payer une amende. Le miracle de l’osier attira très vite des pèlerins des alentours. Au mois d’août, l’évêque de Grenoble ordonna une enquête canonique. Elle sera achevée en janvier 1650.
Pourtant, le miracle n’avait pas suffi à convertir Port-Combet. Il persistait dira sa femme, « dans sa religion infidèle tant par crainte que pourrait lui causer ses coreligionnaires que pour ses intérêts personnels. Son fils aîné, pourtant osa franchir le pas et se convertit au catholicisme en janvier 1657. C’est une apparition de la Vierge quelques mois plus tard, qui amènera enfin son père à la conversion.
Le deuxième miracle : L’apparition de la Vierge Marie
Alors que Port-Combet labourait son champ à 400 mètres environ, de l’osier miraculeux, il vit un peu plus haut sur le petit monticule de l’Epinousa, une demoiselle vêtue de blanc et de bleu, ayant sur sa tête un crêpe noir abattu. Le protestant la prit pour quelque dévote égarée et continua son travail. Tout à coup, il la trouva devant lui, ce qui ne causa pas dans son âme qu’un petit étonnement car l’apercevant d’une beauté si éclatante et d’un port si majestueux qu’il ne savait que penser. Un dialogue alors s’engagea :
– A Dieu sois-tu mon ami ! Que dit on de cette dévotion ? Y vient-il beaucoup de monde ?
Pierre Port-Combet, sans la regarder, lui répondit :
– Bonjour Mademoiselle, il y vient assez de monde par delà.
– S’y fait-il beaucoup de miracles ?
– Oh de miracles???… répondit-il en touchant ses bœufs.
La Sainte Vierge lui dit :
– Arrête ! arrête tes bœufs! Cet huguenot qui a coupé le osier où demeure-t-il ? Ne veut-il pas se convertir ?
– Je ne sais pas, dit-il. Il demeure bien par-delà.
Alors, elle lui dit :
– Ah, misérable, tu crois que je ne sais pas que tu es cet huguenot ?
Et lui voulant continuer son labeur, elle lui commanda derechef d’arrêter ses bœufs, mais lui ne se mettant pas en état de lui obéir, Elle lui dit très vite :
– Si tu n’arrêtes pas tes boeufs, je les arrêterai bien.
Sur quoi il lui répondit :
– Ah, je les arrêterai bien moi-même, Mademoiselle.
Et la Sainte Vierge continuant, lui dit :Que le temps de sa fin approchait et que s’il ne changeait pas d’état, il serait dans les plus grands tisons de l’enfer qui ne furent jamais mais que s’il en changeait, elle le protégerait devant Dieu. Qu’il fasse savoir au peuple que leurs prières n’étaient pas assez ferventes mais que s’il les faisait plus fervemment il recevrait beaucoup plus de grâces et de faveurs de Dieu.
Alors le dialogue s’arrêta là. Le protestant, troublé mais encore sceptique tourna le dos à l’apparition et reprit son sillon. Puis, pris de remords, il revint à elle mais vit qu’Elle s’éloignait, retournant en un clin d’œil sur l’Epinousa. Port-Combet courut après Elle jusque dans les bois où Elle l’attendait sans point le regarder, mais écoutant ses gémissements et son repentir, permit qu’il s’approcha d’Elle, d’une douzaine de pas environ et devant lui, sans se tourner, Elle disparu.
L’apparition elle-même autant que ses avertissements, avait de quoi ébranler Port-Combet. De retour chez lui, il raconta l’événement à sa femme déclarant la résolution absolue dans laquelle il était de changer, ce à quoi il pensait en vérité. Mais il tarda à passer au catholicisme parce que, dira-t-il, dans son acte civil d’abjuration, « il y a longtemps qu’il voulait changer de religion mais qu’il était pressé par ceux de ladite prétendue religion, de ne le faire pas. »
Le troisième miracle : La conversion du protestant
De mars à août, il n’osa pas se convertir. Le 14 août, la veille de l’Assomption, il fut pris d’une grosse fièvre. Il se souvint sans doute de la prédiction de la Vierge sur sa fin proche. Il fit appeler un religieux du couvent, de Vinay, et mis en confiance dans la nuit du 14 au 15 août, il abjura le protestantisme se confessa et reçut la communion. Le 21, il mourait.
Une chapelle a été bâtie sur le lieu de l’apparition dédiée à Notre-Dame De-Bon-Rencontre. Le hameau des Plantées changea bientôt de nom pour s’appeler Notre-Dame-De-l’Osier.